Traditionnellement une activité économique importante à l’Île d’Orléans, la pêche à l’anguille est en déclin au cours des dernières années. Joseph Paquet, unique pêcheur professionnel de l’île, transforme le poisson à sa poissonnerie. Il a acquis les rudiments du métier de pêcheur au cours de sa jeunesse auprès d’un voisin. Il exerce le métier depuis les années 70. En 2007, Joseph Paquet est lauréat des Prix du patrimoine décernés par la Table de patrimoine-histoire du Conseil de la culture des régions de Québec et de Chaudière-Appalaches.
Située à Saint-Pierre-de-l'Île-d'Orléans, la poissonnerie Jos Paquet offre à sa clientèle les ressources du fleuve Saint-Laurent. Unique pêcheur professionnel de l'Île d'Orléans, Joseph Paquet pêche depuis plus de 35 ans différentes espèces de poissons, dont principalement l'anguille « silver » et l'esturgeon (noir et jaune). Joseph Paquet utilise un outillage différent selon ses types de pêches. Il pêche principalement ses esturgeons au filet. La technique utilisée par Jos Paquet pour la pêche à l'anguille consiste plutôt à dresser sur le rivage une palissade de fascines avec des coffres (trappes), où l'anguille est piégée par des filets lorsqu'elle veut regagner le large avec la marée. Lors d'une journée de pêche et selon la saison, Jos Paquet doit préalablement recueillir l'anguille de ses différentes fascines (ports de pêches) situées autour de l'île ou encore à Québec, sur les berges du boulevard Champlain. Après avoir retiré les anguilles des coffres, le pêcheur transporte ses prises sur la terre ferme par une chaloupe où elles sont rapidement plongées dans des piscines d'eau pour l'exportation. De plus, avec une équipe qui varie entre deux et cinq personnes, selon la journée et la tâche, il va pêcher aux filets l'esturgeon dans les eaux du fleuve : « On effectue une tournée d'environ quatre heures de bateau par jour ». Après la pêche, Joseph Paquet prépare le poisson en filets ou en entier, le congèle et le pare selon le cas. Le poisson peut être aussi fumé sur place et préparé selon sa recette personnelle de marinade. Dans sa poissonnerie, Jos Paquet propose de l'anguille, du doré frais, de la morue, de la truite, du saumon fumé, de même que du méchoui d'esturgeon, « sa spécialité ». Précisons que Joseph Paquet a développé son marché à l'international en expédiant des cargaisons d'anguilles par avion vers l'Europe et l'Asie, où elles sont plus recherchées qu'au Québec.
Joseph Paquet a été initié à la pêche à l'anguille dès l'âge de 13 ans avec l'aide de M. Lachance, un voisin. Il a débuté en apprenant à détendre la pêche, à retirer la cage et à enlever les filets à l'automne afin d'empêcher que les glaces prennent durant l'hiver. Il a graduellement pêché avec ce voisin pendant deux ou trois ans. Ensuite, il a été appelé plusieurs fois à monter et à changer différentes pêches du voisinage. Ainsi, c'est principalement en côtoyant différents pêcheurs qu'il a appris les différentes techniques de pêche. C'est également au fil des pêches qu'il a développé son expérience (sa connaissance des poissons, son adaptation aux différentes conditions environnementales, le maniement des différentes techniques de pêche et l'apprêt adéquat du matériel), car « la pêche, c'est un métier de détails ». Joseph Paquet pense à prendre prochainement sa retraite de la pêche. Depuis déjà quelques années, il est aidé dans ses pêches par deux jeunes pêcheurs à qui il transmet son savoir. Toutefois, la relève pour son entreprise reste incertaine. En effet, Joseph Paquet déplore que les propriétés et que les permis de pêche soient devenus trop dispendieux pour que les pêcheurs débutants et les jeunes entrepreneurs puissent facilement les acquérir. Aussi, il s'inquiète de l'acquisition de plusieurs permis de pêche de la région rachetés par différentes entreprises étrangères. Il espère de nouvelles mesures gouvernementales qui faciliteront et encourageront la transmission des permis de pêche commerciale à une relève locale. En attendant, Joseph Paquet continue à pêcher avec l'aide de son équipe.
La pêche, en général, et la pêche à l'anguille ont longtemps été un revenu d'appoint pour les agriculteurs de la vallée du Saint-Laurent. Aussi, la pêche à fascine et le fumage du poisson sont des techniques spécifiques aux villages côtiers de l'estuaire du Saint-Laurent. Traditionnellement, la conservation des poissons s'effectuait principalement par le salage et le fumage du poisson. Sur l'île d'Orléans, plusieurs agriculteurs avaient leur permis de pêche. La pêche à l'anguille a d'ailleurs composé un volet économique important au début XXe siècle à l'île d'Orléans et s'est accrue lors du développement des techniques de pêches commerciales. On y retrouvait même deux syndicats d'acheteurs d'anguilles. Au fil des ans, à la suite du dragage de la voie maritime du Saint-Laurent, à la surpêche et combiné à la pollution croissante des eaux du fleuve, les quantités de pêches en eau douce ont diminué dans le couloir fluvial du Saint-Laurent. Depuis 2005, afin de veiller à la pérennité de la population d'anguilles d'Amérique, l'Association des pêcheurs d'anguilles et de poissons d'eau douce du Québec et le gouvernement du Québec ont procédé à l'ensemencement d'anguilles dans le lac Champlain. De plus, ils veillent à la réduction et à la réglementation des prises commerciales de l'espèce. Depuis plus d'une trentaine d'années, Joseph Paquet pêche dans les eaux du fleuve Saint-Laurent. À ses débuts, il a acheté les permis de pêches à l'anguille et à l'esturgeon de son voisinage à l'île d'Orléans. Avec le temps, il a commencé à accroître ses permis de pêches et à en racheter plusieurs autres dans la région de la Capitale. Aujourd'hui, il possède une poissonnerie à son nom sur l'île d'Orléans. Tranquillement, il a développé une petite entreprise commerciale qui perdure encore aujourd'hui. Avec un volume d'anguilles insuffisant pour vivre uniquement de l'exportation, Jos Paquet a dû diversifier la production de sa poissonnerie afin de subvenir à ses besoins. Il y a une quinzaine d'année, il a commencé à saler et fumer son poisson qu'il vend depuis aux touristes de l'île d'Orléans. Il a également diversifié ses produits culinaires, apprêtés «maison», tirées des ressources du fleuve.
B.M. Jessop, « Le monde sous-marin. L'anguille d'Amérique », Pêche et Océans Canada, 2006, [En ligne]: www.dfo-mpo.gc.ca
Conseil de la culture des régions de Québec et de Chaudière-Appalaches. « Les prix du patrimoine ». En ligne. Adresse URL: http://www.culture-quebec.qc.ca/prix_patrimoine/ (page consultée le 18 avril 2011)
La réalisation de l’Inventaire des ressources ethnologiques du patrimoine immatériel a été rendue possible grâce à l’appui de nos partenaires.