Daniel Girard, propriétaire de l’entreprise éponyme, a appris la pêche commerciale à la fascine auprès de Lucien Bouchard. Au décès de ce dernier, il a pris la relève de son permis de pêche. La pêche à la fascine est une technique traditionnellement utilisée en bordure de l’estuaire du Saint-Laurent.
Les Pêcheries Daniel Girard inc. se sont bâti une expertise dans la pêche commerciale à la fascine (piège en forme d'entonnoir à deux oreilles qui est tendu en bordure du fleuve). Elles sont situées sur la berge du fleuve, vers l'est. Le procédé de la fascine est simple : les poissons, qui suivent le courant, entrent dans le piège à la marée haute. Quand les eaux se retirent, ils se retrouvent pris dans la nasse, au bout de la pêche. Le pêcheur n'a qu'à puiser dans la nasse ses prises selon ses besoins et ouvre le filet pour laisser partir le reste des poissons. Les pêches que Daniel Girard tend sont de type commercial : les aunes cèdent la place à des filets de nylon (400 pieds) pour un meilleur rendement, et les poteaux qui étaient traditionnellement insérés à la masse laissent la place à des poteaux piquetés plus solides. Il doit aussi s'assurer que le matériel est en bon état. Il tend la pêche (tâche qui prend à deux hommes trois marées à exécuter) dès que les glaces partent, c'est-à-dire en avril, et la détend (tâche de deux marées) en octobre. Daniel Girard possède cinq permis d'exploitation de pêches à la fascine (permis aussi rares en Charlevoix que dans le reste du Québec) qu'il peut tendre à Cap-à-l'Aigle, Pointe-au-Pic, Cap-aux-Oies, Ruisseau Jureux et Saint-Irénée. Habituellement, il en tend deux ou trois (principalement celle de Saint-Irénée et de Cap-aux-Oies), ce qui lui permet de pouvoir les courir toutes. La pêche de Saint-Irénée (illustrée sur les photographies) fait le bonheur de nombre de touristes et d'artistes : située aux côtés d'une plage, elle s'intègre bien au paysage charlevoisien. Celle de Cap-aux-Oies, baignant dans des eaux moins salées, piège différentes sortes d'espèces, notamment l'anguille qui est principalement consommée par des gens de la place. Ses principales prises sont le capelan (en début de saison, il prend entre 4000 et 5000 livres par année), l'éperlan (en fin juillet), la sardine et l'anguille (à la mi-octobre). Ses pêches fluctuent en fonction du temps (un vent sud-ouest est particulièrement favorable) et de la lune (pêches meilleures au décroissement de la lune). Aussi, les marées de nuit demeurent les meilleures. Ses prises sont évidées puis congelées en une heure, ce qui assure la qualité de ses poissons. Il vend actuellement ses prises à différents zoos et aquariums du Québec, qui exigent un produit de qualité, ainsi qu'à des particuliers à son kiosque de vente à Saint-Irenée. Habituellement, la totalité de son stock est vendue avant même qu'il ne le pêche. Il bâtit actuellement une usine de transformation de poisson à Clermont où il pourra saumurer le poisson et/ou le fumer à chaud ou à froid, grâce à son fumoir allemand pouvant contenir jusqu'à 1500 livres de poisson. Quelque 20% de la transformation sera effectuée à partir de ses prises, le reste s'appliquera à transformer du saumon chilien, des pétoncles, du hareng, de l'esturgeon, etc. Daniel Girard s'est assuré que cette nouvelle usine corresponde aux normes fédérales afin d'obtenir un permis d'exportation (vers le Nouveau-Brunswick et ailleurs).
Daniel Girard, électricien de formation, a appris à pêcher à la fascine (au niveau commercial) en 1979 auprès de Lucien Bouchard. Il agissait à l'époque en qualité d'aide-pêcheur. Tous les membres de la famille de Daniel Girard possèdent le permis d'aide-pêcheur et l'aident volontiers et ce, depuis le début. Comme l'entreprise est encore jeune, il est tôt pour parler de relève potentielle.
Daniel Girard apprend à pêcher 1979 avec Lucien Bouchard, mais décide tout de même de devenir électricien. À la suite du décès de Lucien Bouchard, son permis d'exploitation est donné en héritage à sa femme. Atteinte du cancer, elle ne peut exploiter la pêche, mais elle conserve tout de même le permis. En 1994, elle met le permis en vente. En 1996, elle accepte que Daniel Girard exploite la pêche et, étant donné les règles gouvernementales, Daniel Girard devient aide-pêcheur pendant deux saisons, sous la direction de Mme Bouchard, avant de devenir possesseur des droits. Déjà à cette époque, il compte élargir le potentiel économique de l'entreprise par la transformation du poisson. Or, pour les débuts de son entreprise, il se concentre sur la vente aux particuliers et déniche un premier zoo comme client. Sa réputation et la qualité de ses produits lui amènent plusieurs autres clients de ce genre. En 2006, après plusieurs années de préparation, l'entreprise s'élargit avec la construction à Clermont d'une usine de transformation de produits de pêches. L'entreprise a préalablement fait l'acquisition d'un fumoir, acheté de la pêcherie Saint-Georges, à Saint-Nicolas (Québec), appartenant à M. Gingras. Depuis son apprentissage, le pêcheur Daniel Girard a connu plusieurs changements dans l'exercice de sa pratique, particulièrement en ce qui a trait au matériel utilisé pour la fascine. Par exemple, le filet composé de broches de métal change pour le plastique, puis pour le nylon. Il a aussi changé la façon de fixer les poteaux : si la pêche tombait auparavant quelques fois par année, celle actuelle est plus solide et fiable. Les plans de développement de l'entreprise sont en phase d'exécution : l'usine commencera son activité dès l'hiver 2007. Quatre employés se joindront à l'entreprise.
La réalisation de l’Inventaire des ressources ethnologiques du patrimoine immatériel a été rendue possible grâce à l’appui de nos partenaires.