La cueillette de fruits sauvages est une activité économique traditionnelle pratiquée aux Îles-de-la-Madeleine. Les cueilleurs sont de plus en plus rares dans l'archipel, néanmoins on en dénombre des dizaines. La pratique s’est transmise au fil des générations. Encore aujourd’hui, les fruits sont traditionnellement transformés en bagosse, confiture et autres produits.
La cueillette de fruits sauvages est une véritable tradition aux Îles-de-la-Madeleine. On trouve sur ce territoire plusieurs variétés de fruits sauvages telles que la fraise des champs, le bleuet, la framboise, le berris (airelle), l'églantier et la pomme de pré (canneberge). Cette dernière se trouve très rarement à l'état sauvage au Québec. Ces fruits se trouvent un peu partout dans l'archipel, notamment dans les dunes et les prés salés avoisinant les lagunes, dans les forêts et les lisières ainsi que dans les champs, les prés et même au bord des routes. La cueillette de fruits sauvages s'effectue traditionnellement à la main, ce qui permet notamment de préserver la qualité des fruits fraîchement cueillis et de protéger la ressource. Bien que la cueillette de fruits sauvages soit une activité accessible à tous et nécessitant peu d'équipements, certaines techniques doivent être adoptées si l'on désire être productif. Il faut par exemple être stratégique dans ses déplacements et être constant dans ses mouvements. Il faut également cueillir proprement, de façon à sauver du temps au moment de trier la récolte. On dit des bons cueilleurs qu'ils trient à mesure qu'ils cueillent. Les fruits cueillis à la main peuvent être écoulés auprès d'acheteurs locaux ou bien transformés en une foule de produits maisons tels que des confitures, des gelées, des sirops et du jus, que les insulaires appellent communément « douceurs » dans leur langage. Un gallon de canneberges sauvages vaut environ 5 $ sur le marché local, tandis que la même quantité de fraises des champs peut valoir jusqu'à 75 $. Il est toutefois possible de cueillir des dizaines de gallons de canneberges sauvages en une journée de cueillette, contrairement aux fraises des champs qui sont beaucoup moins abondantes et plus délicates à cueillir. Certains organismes comme le Comité ZIP, le Conseil régional de l'environnement et Attention Fragile participent à la gestion des ressources dans une perspective de développement durable.
Edith Bourque, comme d'autres Madelinots, cueille des petits fruits sauvages présents en abondance aux Îles-de-la-Madeleine depuis plusieurs décennies. Ayant toujours pratiqué la cueillette de fruits sauvages à des fins personnelles, elle le fait maintenant depuis le début des années 1990 de façon assidue pour répondre à la demande locale. Quel que soit le motif de la cueillette, Édith Bourque préfère cueillir en solitaire : « Il faut que je sois seule, c'est une thérapie... ». En 2007, Édith Bourque a cueilli une cinquantaine de gallons d'airelles et plus de 70 gallons de canneberges. Les fraises des champs et les bleuets sauvages se cueillent habituellement en plus petite quantité. La grande partie de ses récoltes est écoulée sur le marché local, auprès d'individus ou d'entreprises de transformation. Elle conserve tout de même une certaine quantité de fruits qu'elle transforme en confiture, en gelée ou en coulis. Édith Bourque cuisine également des desserts tels que des muffins, des gâteaux et des puddings.
La cueillette de fruits sauvages est une tradition enracinée dans le territoire madelinot. À l'époque, les jeunes étaient vite initiés à cette activité économique familiale. C'est donc en participant activement à la cueillette que les jeunes apprenaient les différentes techniques de cueillette. Mentionnons également que les aînés gardent de très bons souvenirs en lien avec la cueillette de fruits sauvages, ce qui les encourage à perpétuer cette tradition.
Par exemple, Édith Bourque a appris à cueillir des fruits sauvages dès son enfance au sein de la cellule familiale. Durant l'adolescence, elle a travaillé comme cueilleuse pour des entreprises de la région. Elle détient donc une expertise exceptionnelle dans la cueillette.
La cueillette de fruits sauvages est une pratique économique traditionnelle aux Îles-de-la-Madeleine. On dit d'ailleurs des Madelinots qu'ils sont cueilleurs par tradition. Il est effectivement coutume, dans cet archipel, de ramasser les fruits en été et en automne pour faire de précieuses réserves pour les temps froids. Certaines pratiques alimentaires associées à la cueillette de fruits sauvages se sont également perpétuées au fil des générations, comme boire un verre de jus de canneberges sauvages tous les matins. La bagosse, ou « bière des Îles » (Voir la fiche d'inventaire concernant la bagosse), est également fabriquée, tout dépendant de la recette, à partir de fruits sauvages cueillis à la main. La cueillette de fruits sauvages est cependant moins populaire qu'à l'époque et les nouvelles générations semblent de moins en moins intéressées par cette activité économique traditionnelle. D'autres facteurs, comme la privatisation du territoire au profit de propriétaires terriens venus s'installer dans l'archipel de façon épisodique, restreint les cueilleurs dans leurs activités.
Née en 1935, Édith Bourque a commencé à cueillir des fruits sauvages dès son enfance, en compagnie des membres de sa famille. À l'adolescence, elle a travaillé quelques années pour un particulier qui exploitait le potentiel fruitier du secteur de Fatima. C'est cette expérience de travail qui lui a permis d'apprendre à cueillir de façon propre et méthodique. Depuis le début des années 1990, Édith Bourque cueille des fruits sauvages pour la clientèle locale. Elle a également travaillé plusieurs années auprès de Carole Painchaud, au sein d'une entreprise locale œuvrant à la commercialisation de produits découlant de la transformation des fruits sauvages.
La réalisation de l’Inventaire des ressources ethnologiques du patrimoine immatériel a été rendue possible grâce à l’appui de nos partenaires.