Les têtes de violon étant présentes en grand nombre dans la région de la Matapédia, plusieurs comme Serge Gallant maîtrisent la technique de repérage et de cueillette de cette plante. La pratique se transmet entre les générations au sein des familles de cette région. Cueilleur de têtes de violon depuis l’enfance, Serge Gallant transmet à son tour ses connaissances afin de perpétuer la tradition familiale.
Serge Gallant a longtemps considéré la cueillette de têtes de violon comme un simple passe-temps. Depuis plusieurs années, il vend les fruits de sa cueillette, ce qui l'oblige à cueillir en plus grande quantité. La tête de violon peut être cueillie seulement durant une courte période, soit de la mi-mai à la mi-juin. Cette fougère est comestible uniquement lorsqu'elle est encore enroulée sur elle-même. Il faut donc cueillir cette fougère au moment où elle sort de terre et non lorsqu'elle se déroule et atteint une hauteur impressionnante. Dès qu'arrive le 15 mai, Serge Gallant se prépare à cueillir des têtes de violon sur les berges et les îles des rivières Matapédia et Restigouche en y accédant en canot. Grâce à sa grande connaissance du territoire, Serge Gallant est en mesure de repérer les secteurs les plus propices à une cueillette fructueuse. Durant la saison des têtes de violon, il cueille presque tous les jours. Il utilise uniquement ses mains comme outil pour couper les têtes de violon, diminuant ainsi le stress sur la plante. De plus, il se fait un devoir de laisser quelques têtes sur les plants afin de favoriser leur reproduction l'année suivante. À la fin de sa cueillette, Serge Gallant nettoie les têtes de violon dans l'eau de la rivière à l'aide d'un filet pour y enlever la pellicule brunâtre et les saletés qui se trouvent sur la fougère. Au retour à la maison, il prépare les têtes de violon. Avant de pouvoir apporter les commandes à ses clients, il doit, dans un premier temps, faire bouillir les têtes de violon, celles-ci ne pouvant être consommées avant cette étape. Finalement, il dépose les têtes de violon dans des sacs de plastique. Même si Serge Gallant ne cueille plus simplement pour sa consommation personnelle, il a toujours autant de plaisir à partir à la recherche des têtes de violon de la région. Durant la saison des têtes de violon, Serge Gallant en cueille en moyenne 350 litres, à raison d'environ 45 litres par jour. Serge Gallant vend des têtes de violon à de nombreux habitants de Matapédia et de la région Les Plateaux. Il vend aussi des têtes de violon à deux restaurants de la région, l'un à Matapédia et l'autre à Bonaventure.
Puisque la tête de violon est très répandue dans la région de la Matapédia, la cueillette est une activité présente depuis plusieurs générations dans la famille Gallant, comme pour l'ensemble de la population locale. Aussi loin qu'il se souvienne, vers l'âge de 4-5 ans, Serge Gallant et sa famille cueillaient des têtes de violon au mois de mai. Étant le plus jeune d'une famille de 16 enfants, il accompagnait ses sœurs aînées lors de cette activité printanière. Le fils de Serge Gallant n'a jamais été intéressé par la cueillette de têtes de violon, mais son petit-fils, Brendan, a pour sa part commencé à cueillir avec son grand-père au printemps de l’année 2008. Serge Gallant a ainsi la chance de transmettre ses connaissances et de perpétuer la tradition familiale. Il n'a pas vraiment eu d'autres occasions de transmettre son savoir puisque, dans la région de Matapédia, la plupart des gens connaissent cette technique de cueillette.
La cueillette de têtes de violon n'est pas une pratique répandue dans toutes les régions du Québec. En Gaspésie toutefois, cette activité est présente depuis plus d'un siècle. Serge Gallant se souvient que, lorsqu'il était jeune, son père, Octave Gallant, et l'un de ses oncles cueillaient des têtes de violon dans le but d'aller les vendre dans le Maine aux États-Unis. Lui-même vendait les fruits de sa cueillette dans différents endroits de la région. À l'adolescence, Serge Gallant a arrêté cette activité par manque d'intérêt. Il a recommencé à cueillir la tête de violon au début des années 1990.
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