Les rivières à saumon de la Gaspésie sont le lieu de plusieurs pratiques culturelles traditionnelles à teneur économique et sociale. Les rivières à saumon sont donc un espace culturel où l'on trouve des pêcheurs, des guides de pêche, des camps de pêche, des fumoirs artisanaux, la cueillette de têtes de violon et des activités de loisir pour les populations locales.
Il existe un mode de vie particulier pour les populations habitant aux alentours des rivières à saumon de la Gaspésie. La plupart des activités à caractère économique et social des communautés locales sont associées à ces rivières. Les rivières à saumon de la Gaspésie sont l'un des principaux moteurs économiques de la région. Il s'agit d'une industrie qui rapporte à la région grâce à la reconnaissance mondiale des rivières à saumon gaspésiennes. Au plan international, cette reconnaissance de la qualité des rivières de la région a permis à la population de développer des savoirs particuliers, notamment en lien avec le métier de guide de pêche, la pêche en soi, la fumaison du saumon et les camps de pêche privés. Vu l'importance des rivières à saumon pour l'économie régionale, les Gaspésiens se font maintenant un devoir de s'occuper de la protection de cette ressource. Si les populations locales apprécient particulièrement la pêche au saumon, il est aussi possible de pêcher d'autres espèces de poissons et de pratiquer d'autres activités aux abords de ces rivières. Au printemps, l'une des principales pratiques culturelles est la cueillette de têtes de violon, puisque les berges et les îles présentes sur les rivières à saumon sont propices à la prolifération de cette fougère. Cette cueillette se transmet dans la population depuis plusieurs générations et certaines personnes ont même développé un commerce pour la cueillette de têtes de violon. Étant donné que les Gaspésiens vivant aux environs des rivières à saumon se sont approprié ce territoire et ont su développer des pratiques culturelles propres à ces lieux, il est évident que les rivières à saumon de la Gaspésie sont devenues un espace culturel pour l'ensemble de la population régionale. On dénombre sur le territoire gaspésien 22 rivières à saumon, dont la rivière Matapédia (MRC d'Avignon), la rivière Cascapédia (MRC d'Avignon), la rivière Bonaventure (MRC Bonaventure), la rivière York (MRC Côte-de-Gaspé) et la rivière Sainte-Anne (MRC Haute-Gaspésie).
Depuis la colonisation du territoire gaspésien, les nombreuses rivières à saumon ont joué un rôle capital dans le développement de cette région. Dès 1755, débute une pêche commerciale sur certaines rivières de la Gaspésie. Vers les années 1850, alors qu'aucun contrôle n'est exercé sur les rivières à saumon, des responsables commencent à se questionner sur la protection de la ressource qu'est le saumon. En 1871, le gouvernement provincial adopte une loi qui permet de louer les rivières à saumon en exclusivité à des clubs, une situation qui va durer une centaine d'années. L'idée de départ est de rentabiliser l'exploitation de l'espèce et d'en limiter les prélèvements. Mais cette politique a ceci de pernicieux qu'elle écarte les Gaspésiens de cette richesse au profit des étrangers. Toutefois, cette situation permet à certains Gaspésiens de devenir guide de pêche dans les camps de pêche privés et de développer un savoir qui leur est propre. En Gaspésie, on retrouve des familles où le métier de guide de pêche se transmet depuis plus de cinq générations. Actuellement, seule la pêche sportive est tolérée sur les rivières à saumon de la région. Il ne faut pas omettre d'évoquer la présence des Amérindiens aux abords des rivières à saumon de la région depuis plusieurs siècles. Les Micmacs de Pointe-à-la-Croix et de Gesgapegiag ont développé une pêche traditionnelle au saumon qu'ils perpétuent encore aujourd'hui. Les autres pratiques culturelles se déroulant aux abords des rivières à saumon sont aussi présentes dans cet espace culturel depuis plus de 100 ans, que l'on pense à la fumaison du saumon, à la cueillette de têtes de violon ou aux activités de loisirs.
La réalisation de l’Inventaire des ressources ethnologiques du patrimoine immatériel a été rendue possible grâce à l’appui de nos partenaires.