Les Madelinots ont développé une technique de chasses aux oiseaux migrateurs adapté l'espace naturel de l’archipel. C’est par le contact intergénérationnel lors de la chasse que s’acquiert ce savoir et que se transmettent les recettes pour apprêter le gibier.
La chasse aux oiseaux migrateurs est une pratique ancrée dans la tradition et le territoire des Îles-de-la-Madeleine. La chasse au gibier se pratique lorsque les oiseaux migrent vers le sud. La période débute fin-septembre et se termine fin-décembre. Lors de leur migration du nord vers le sud, plusieurs espèces d'oiseaux sont de passage aux Îles-de-la-Madeleine à la recherche de lacs ou de lagunes pour se nourrir. Donc, ces espaces sont les endroits privilégiés de chasse pour les Madelinots. Les chasseurs y installent des caches. Certains chasseurs utilisent des galeries, c'est-à-dire des caches qui flottent sur l'eau. Ainsi, le même gibier est chassé d'une autre manière aux Îles-de-la-Madeleine qu'il n'est chassé dans les champs du continent. Aujourd'hui, l'accès aux territoires de chasse est facilité par les véhicules à quatre roues motrices. Toutefois, plusieurs Madelinots y sont réticents, puisque les oiseaux ne trouvent plus d'aire de repos. C'est une des raisons qui expliquent la création d'une réserve d'oiseaux migrateurs aux Îles-de-la-Madeleine. Parmi les espèces chassées aux Îles-de-la-Madeleine se trouvent entre autres la bernache du Canada (l'outarde), le canard noir, la sarcelle, le canard pilet et le cacaoui. Le succès du chasseur dépend de son expérience et de ses connaissances. Il doit prendre en compte les conditions climatiques, notamment la température et le vent. Le chasseur doit aussi connaître le comportement du gibier : comment il vole, à quelle vitesse il arrive, comment il réagit quand le chasseur arrive face à lui. De plus, une bonne cache et l'emplacement des appelants par rapport au vent contribuent au succès du chasseur. Enfin, si ce dernier « calle » bien, le gibier répond à ses appels. Étant donné que l'équipement s'est amélioré avec le temps et que les chasseurs rapportent plus facilement du gibier, des quotas ont été instaurés. Ainsi, il y a un maximum de six oiseaux par jour et par chasseur, dont cinq peuvent être des outardes; quant aux espèces comme les sarcelles et les canards noirs, le quota est de trois par jour.
Nombre de familles madeliniennes vivent de la pêche et de la chasse, que ce soit la chasse aux phoques (Voir la fiche concernant la chasse aux phoques aux Îles-de-la-Madeleine) ou la chasse aux oiseaux migrateurs. Étant donné qu'il s'agit là d'activités saisonnières, une même personne peut participer à plusieurs pratiques d'acquisition. Généralement, les savoir-faire entourant la chasse aux oiseaux migrateurs se transmettent de génération en génération. Le père initie son fils simplement en l'amenant avec lui. Ainsi, le jeune acquiert des connaissances par rapport aux techniques de chasse, aux conditions climatiques favorables et aux endroits à privilégier.
La chasse au gibier migrateur se perpétue depuis longtemps chez les Madelinots. Autrefois, le chasseur devait parcourir de longues distances à pied pour se rendre aux territoires situés à l'écart. Il recherchait avant tout la rentabilité, c'est-à-dire le nombre maximal d'oiseaux tués. La chasse était une activité de subsistance. De nos jours, les véhicules à quatre roues motrices permettent d'aller à peu près partout, ce qui fait en sorte qu'il n'y a plus d'endroit véritablement sauvage aux îles. L'équipement a aussi évolué de manière significative. Par exemple, la poudre a d'abord été remplacée par les cartouches manufacturières, puis par des cartouches à billes. De plus, la chasse est devenue plus accessible et de plus en plus de Madelinots s'y adonnent. Ainsi, environ 800 personnes détenaient un permis de chasse en 2008. Ce permis fait partie des mesures pour la protection de la faune. Dans le même ordre d'idée, un quota a été imposé par le gouvernement. Puis, une réserve a également été créée à cette fin. L'Association des chasseurs cherche à sensibiliser les gens au fait que l'archipel est un espace fragile. Bref, la chasse aux oiseaux migrateurs est aujourd'hui plus populaire que jamais. Ce n'est plus une activité de subsistance. Plusieurs considèrent que la chasse est un sport. Quant aux recettes, les Madelinots trouvent continuellement de nouvelles façons d'apprêter le gibier.
La réalisation de l’Inventaire des ressources ethnologiques du patrimoine immatériel a été rendue possible grâce à l’appui de nos partenaires.