La pêche sur la glace est une activité hivernale populaire chez les Québécois depuis nombre d’années. Devenue une activité touristique et sportive, elle est pratiquée dans différentes régions au Québec, dont l’Abitibi, la Mauricie et le Saguenay-Lac-St-Jean. Elle est souvent exercée en famille, créant un contexte propice à la transmission intergénérationnelle.
Raymond Gingras fait de la pêche sur glace, aussi nommée pêche blanche, depuis des années. Bien que son père n'était pas un passionné, il pêchait fréquemment. À l'époque, creuser à la main un trou dans la glace pouvait prendre entre deux et trois heures. Maintenant, avec un casse-glace à gaz, faire le trou prend quelques secondes. Vers la fin de l'hiver, en février, il peut y avoir au-delà de quatre pieds de glace sur un plan d'eau. Selon Raymond Gingras, le poisson pêché dans l'eau froide est bien meilleur, sa chaire est plus ferme. Les poissons qu'il préfère sont le brochet et le doré. Ceux-ci sont à leur meilleur en décembre. Les gens pêchent à l'aide de brimbales (une sorte de canne à pêche) à l'intérieur de cabanes sous lesquelles il y a des skis permettant de les transporter sur la glace au moyen de véhicules motorisés. La pêche sur glace autour du Lac Abitibi est une activité touristique depuis une dizaine d'années. Elle est exercé du 15 décembre au 15 mars de chaque année. Pour lui et plusieurs personnes pratiquant la pêche autour du lac, il s’agit d’une activité familiale. Au moins six membres de la famille Gingras y participent chaque année. Sa femme, Yvonne, ainsi que ses enfants et petits-enfants l'accompagnent sur la glace la fin de semaine. Ils passent alors toute la journée à pêcher. Avec son permis de pêche, Raymond Gingras peut pêcher six brochets et six dorés par jour. En revanche, il n'est pas permis de conserver plus de six poissons au congélateur simultanément. Lorsqu'il travaille, sa femme va parfois pêcher seule. Raymond Gingras se fie au vent, à la lune et à son instinct pour prédire les bonnes pêches. Par exemple, s'il y a un vent du nord, ce n'est pas la peine d'aller pêcher, le poisson se cache. Selon lui, le poisson réagit à la météo. La cabane est parfois déplacée lorsque la pêche est trop peu fructueuse. Raymond Gingras préfère chercher les bons endroits. Au sud-ouest de la ville de La Sarre, le Lac Abitibi est une très vaste étendue d'eau, d'une superficie de 878km², et il est situé en grande partie en Ontario. Il constitue un des plus grands plans d'eau du bassin hydrographique de la Baie James.
La transmission de la pêche blanche se fait principalement au sein même de la famille. Raymond Gingras a par exemple appris à pêcher à ses enfants alors qu'ils étaient jeunes. Parfois, le cercle de transmission s'élargit puisque que Raymond Gingras a lui-même appris de Maurice Leloup, un madelinot, qui pêchait beaucoup sur la glace. Il considère avoir appris par lui-même les trucs les plus importants à propos des fils, des hameçons ou des bons lieux de pêche.
Une cinquantaine de cabanes sont installées non loin autour du Lac Abitibi, sur l'île Nepawa, où il est possible de louer des cabanes et des brimbales qui servent à tenir le fil pour attraper le poisson. Au début, les pêcheurs attrapaient les poissons grâce à une branche et un long fil. Aujourd'hui, on peut utiliser des cannes à pêche et des cabanes chauffées. De plus, les casse-glace à gaz permettent de faire un trou dans la glace plus rapidement.
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