Inventaire des ressources ethnologiques du patrimoine immatériel

Intérêt patrimonial

La construction d’un palais de glace est une tradition datant de 1883, lors du Carnaval de Montréal. À Québec, dès 1894, les premières festivités hivernales s’organisent autour d’un Palais de glace qui restera, jusqu’à nos jours, le lieu de rencontre par excellence des carnavaleux. Depuis 1955, le monument est construit à chaque année. Il s’agit de la résidence de l’ambassadeur de la fête, le Bonhomme Carnaval. C’est là où se déroulent les activités officielles et les spectacles. Son ampleur et son esthétique sont des sujets au cœur des préoccupations du public.

Description de l'espace culturel

Le Palais du Bonhomme Carnaval, © IREPI

Le Palais de glace de Bonhomme Carnaval s'inscrit dans la tradition du Carnaval de Québec dès les premières éditions. Il apparaît comme un élément d'importance dans les activités. La construction du Palais commence quelques semaines avant les festivités. Il est accessible au public tout au long de celles-ci.

La facture du Palais de l'édition 2008 s’insère dans le cadre du 400e anniversaire de la ville de Québec. En effet, le Palais de glace est une réplique du château de la ville de Pau, en France, « où Henri IV rencontrait Champlain pour discuter de ses excursions à Québec» (Programmation du Carnaval 2008). Le site du Palais de glace de Bonhomme est un lieu de rassemblement qui accueille plusieurs évènements officiels ou festifs. La scène, intégrée dans la construction du Palais, est l'endroit où l'on remet les clés de la ville à Bonhomme Carnaval. C’est également à cet endroit que se déroulent des séances de photos avec ce personnage et qu’ont lieu les soirées dansantes ou spectacles divers. Le Palais de glace est situé sur les Plaines d’Abraham depuis 2012. Auparavant, il était sur le site du Parc de l'Esplanade qui fait face au Parlement de Québec. Des barrières de sécurités encadrent le site surveillé jour et nuit. De petits bâtiments qui servent de régies pour l'équipe techniques sont recouverts de glace, à l'image du Palais.

Depuis cinquante ans, Gaston Fortier supervise les travaux de construction du Palais de Bonhomme pour le Carnaval de Québec. La tâche principale consiste à faire le pont entre la ou le concepteur(e) du Palais et les menuisiers, ainsi que de veiller au bon déroulement des opérations. Pour réaliser ce projet, il doit prendre connaissance des plans et devis et participer aux démarches d’acquisition des matériaux. Gaston Fortier gère l'ensemble des activités qui se déroulent sur le site du Palais.

Les principales étapes de travail pour la réalisation de ce bâtiment sont : la conception du Palais, les plans et de l'aménagement du terrain, la construction et finalement sa destruction dès la fin de l’événement. Le contremaître dirige les travaux des menuisiers qui taillent des blocs de glace à partir de gros blocs que leur fournit une compagnie montréalaise, Arctic Glacier Inc. Ensuite, les menuisiers assemblent et collent les blocs avec un filet d'eau. Puis, on taille les ouvertures dans la structure de glace. On ajoute des accessoires comme les drapeaux, l’éclairage et des affiches. Selon le contremaître Gaston Fortier, la température idéale pour travailler la glace est d'environ 10 degrés Celsius sous le point de congélation. L'intérieur est aménagé avec des sculptures de glace disposées de façon à permettre au public de circuler en toute sécurité. Une quinzaine d’hommes oeuvrent à la construction du Palais pendant deux mois. Ce bâtiment mesure jusqu’à 50 mètres de façade, 20 mètres de profondeur et 20 mètres de hauteur.

Les blocs de glace utilisés dans la construction du palais servent généralement aux cimenteries pour refroidir et contrôler la prise des mélanges de ciment. Par contre, les blocs utilisés au Carnaval sont formés d’eau traitée par osmose inversée. Ce procédé élimine les minéraux responsables de la couleur jaunâtre qui se forme au centre des blocs de glace. L'eau est le principal liant utilisé pour sceller les blocs entre eux. Gaston Fortier souligne que l'effet du soleil est plus dommageable pour la glace que la pluie.

Apprentissage et transmission

Le Palais en construction, © IREPI

 

Historique général

La Place du Palais en maquette, © IREPI

Le Bonhomme Carnaval habite un palais de glace, une tradition carnavalesque antérieure à l’apparition du personnage. En effet, un monument de glace, entièrement illuminé, était l’attraction principale du Carnaval de Montréal en 1883. Il a été construit sur l’un des sites des festivités par des architectes de la firme Hutchison and Seele, à l’aide de blocs de glace découpés dans les eaux du fleuve. L’idée d’un palais s’inspire des monuments de glace lors des fêtes russes du XVIIIe siècle à Néva en Russie. Ceux-ci ont une architecture de style médiéval alors que ceux au Québec sont inspirés des châteaux britanniques ou français (Sylvie Dufresne).

À Québec, dès la fin du XIXe siècle, les premières festivités hivernales s’organisent autour d’un Palais de glace. En 1894, un carnaval proposant diverses activités et la construction d’un imposant Palais est mis sur pied. Dès lors, le lieu de rencontre officiel du Carnaval se concentre autour de ce Palais fait de blocs de glace taillés dans les eaux du fleuve Saint-Laurent. Le maître d’œuvre de cette construction est l’architecte François-Xavier Berlinguet qui remet les clés du Palais au maire de la ville Jules-Joseph Tachereau Frémont. Deux ans plus tard, le Palais prendra l’aspect d’une imposante tour autour de laquelle plusieurs évènements pyrotechniques et spectacles sont organisés. À cette époque, les festivités des carnavals de Québec et de Montréal se terminaient par l’attaque du palais par les carnavaleux pour détruire le monument (Sylvie Dufresne).

Le Carnaval de Québec est célébré sporadiquement jusqu’en 1955, année officielle de sa création. Le Palais est l’une des traditions perpétuées au fil des ans. Il est construit au carré d’Youville, entre le palais Montcalm et le cinéma de Paris, jusqu’en 1973. À partir de cette année-là, il est construit sur le site du Parc de l’Esplanade, face au Parlement, de Québec, à proximité de la porte St-Louis. En 1978, la seule entreprise de Québec à fabriquer des blocs de glace ferme ses portes, obligeant le Carnaval à réviser le mode de construction du Palais, puisqu'il est trop coûteux d’importer les blocs. On construit alors des Palais de neige, jusqu’en 1992. Parmi la cinquantaine de Palais dont Gaston Fortier a participé à la construction, 14 étaient en neige. « Pour élever un Palais, l’artisan aime mieux la glace que la neige » affirme-t-il (Jean Provencher).

Autre localisation

• Lieu-dit : Parc de l'Esplanade
• Espace culturel : Palais de glace de bonhomme

Documentation

Carnaval de Québec. Carnaval de Québec. (En ligne). Adresse URL: http://www.carnaval.qc.ca/fr/index.asp (page consultée le 6 mars 2012).

Dufresne, Sylvie. 1980. Le carnaval d’hiver de Montréal (1883-1889). Montréal : Presses de l’Université du Québec, 214p.

Lacroix, Georgette. 1995. Québec d’un Carnaval à l’autre. Vanier : Éditions Vient de la Mer. 63p. et 1984. Le Carnaval de Québec : Une histoire d’amour. Montréal : Éditions Québécor. 199p.

Les Archives de Radio-Canada. Carnaval de Québec, fête de l’hiver. (En ligne). Adresse URL : http://archives.radio-canada.ca/IDD-0-10-500/vie_societe/carnaval_quebec/ (page consultée le 14 mars 2012).

Provencher, Jean. 2003. Le Carnaval de Québec la grande fête de l'hiver. Éditions MultiMondes et la Commission de la capitale nationale du Québec, 144p.

Sources

• Nom du facilitateur ou des facilitateurs : Catherine Gaumond
• Date d'entrevue : 2008-01-28
• Nom de l'indexeur ou des indexeurs : Catherine Gaumond