Cette activité, associée d’abord à une tradition militaire, s’est aussi pratiquée lors des premières manifestations d’un carnaval d’hiver à la fin XIXe siècle. Intégrée à la programmation du Carnaval de Québec au cours des années 1960, elle a par la suite été retirée. Récemment, elle a été intégrée à nouveau à la programmation et de nos jours, des équipes de militaires, matelots, policiers, pompiers et des enfants prennent part à cette épreuve de force. Cela témoigne d’un regain d’intérêt pour cette tradition.
Joute de souque à la corde, © IREPI
La souque-à-la-corde est un sport qui oppose deux équipes de huit ou dix personnes dans une épreuve de force. Les deux équipes sont situées de part et d'autre d'une frontière marquée par une ligne de démarcation au sol. Au signal donné par l’arbitre, les deux équipes tirent simultanément sur une corde dans le but de déstabiliser l'équipe adverse et de lui faire traverser la ligne du centre. La souque-à-la-corde se pratique à l'intérieur d'un espace balisé en un couloir d'environ un mètre de largeur et huit mètres de longueur. Une marque au sol détermine le centre du couloir. Ce sport peut se pratiquer sur tout genre de terrain, hiver comme été. Cependant, au Carnaval de Québec, la souque-à-la-corde se pratique à l'extérieur, sur un terrain de neige assez dur. Les deux groupes sont dirigés par le chef d'équipe donnant les consignes aux tireurs.
Le souque à la corde est avant tout un sport pratiqué par des corps de métiers « à costume » tel que les militaires, les matelots, les policiers et les pompiers. À la base militaire de Valcartier, les équipes sont formées selon les bataillons. Les compétitions se déroulent une fois l'an pendant les jeux d'hiver.
Terrain de souque à la corde, © IREPI
Les « tireurs » apprennent en pratiquant avec les autres membres du groupe sous la direction du chef d'équipe. Ce dernier acquiert généralement ses connaissances auprès du chef d'équipe qui l'a précédé. La transmission se fait par contact direct entre les « tireurs » ou auprès du chef d'équipe, lors des pratiques ou des compétitions.
Présentation de la compétition de 2008, © IREPI
L'origine exacte du souque à la corde est inconnue, cependant plusieurs théories coexistent. Comme le capitaine Saccà l'explique dans l'extrait audio de cette fiche, elle pourrait provenir des Égyptiens qui utilisaient cette technique pour tirer des matériaux lors des travaux de construction. Une autre théorie veut que la souque à la corde proviennent des exercices que l'on aurait donnés à faire aux amarreurs de bateaux ou encore que sa pratique remonte au Moyen-Âge. La souque est aussi connue en Europe sous le nom de lutte à la corde. Elle aurait même figurée comme épreuve lors des Jeux olympiques entre les années 1900 et 1920 (Jean Provencher, p. 12).
Au Carnaval de Québec, la souque à la corde a animé les foules pendant plusieurs années, de 1960 à 1970, avant de disparaître. Elle s'inscrivait en tant que compétition sportive au même titre que les courses de raquettes, de patinage, de chevaux et de curling. Le terme provient de souca, appartenant au vocabulaire maritime Gascogne, et signifie « serrer fortement un nœud, un amarrage» ou « tirer fortement sur un cordage». (Jean Provencher, p. 12)
Le 55e bataillon du Canada, basé à Valcartier, organise des jeux d'hiver depuis fort longtemps dans lesquelles plusieurs activités et compétitions ont lieu, entre autres la souque à la corde, les courses de raquettes, le montage de tentes et le ski de fond. Au Québec, cette pratique serait issue du milieu militaire.
Le retour de la souque à la corde dans le cadre du Carnaval de Québec témoigne de son actualité en tant que pratique traditionnelle. L'implication et la participation du public démontrent une appropriation et un intérêt certain pour l'avenir. En 2012, des enfants prennent part à cette activité.
Carnaval de Québec. Carnaval de Québec. (En ligne). Adresse URL : http://www.carnaval.qc.ca/fr/index.asp (page consultée le 6 mars 2012).
Provencher, Jean. 2003. Le Carnaval de Québec la grande fête de l'hiver. Éditions MultiMondes et la Commission de la capitale nationale du Québec, 144p.
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