La tradition de saucer la palette, qui est une variante de la tire sur la neige, s’effectue habituellement à la cabane à sucre. On la fait davantage dans les cabanes familiales, mais elle n’est pas observée dans toutes les régions. Elle semble en revanche bien présente à Plessisville et dans les environs.
« Saucer la palette » (certains diront « faire trempette », « licher la palette » ou « tremper la palette ») est une tradition consistant à plonger une large palette de bois dans du sirop d’érable bouillant, puis de déguster immédiatement le liquide sucré. Si l’eau d’érable doit atteindre 219° F pour être transformée en sirop, il faut attendre que le sirop atteigne entre 222 et 234°F pour tremper la spatule. Plus le liquide sera chaud, plus il sera sucré et épais. D’ailleurs, c’est quand le sirop atteint 234°F qu’il se transforme en tire d’érable. Il est en revanche important de ne pas outrepasser les 235°F, car la tire commence à se transformer en sucre d’érable avec le mouvement de la palette. Habituellement, cette pratique se fait en groupe après le repas lors des parties de sucre à la cabane, pendant le temps des sucres. Chaque individu peut plonger sa palette autant de fois qu’il le désire et au moment qu’il le désire. Elle se ponctue avec la coulée de la tire sur la neige.
Puisqu’il s’agit d’une expérience à la fois ludique et savoureuse, la tradition n’a pas de difficulté à se voir réappropriée par les jeunes générations. André Brassard nous a en revanche raconté que certaines personnes refusent de s’initier à la pratique pour des raisons d’hygiène. Les jeunes générations appellent davantage la pratique « Tremper la palette ».
Il y a une cabane à sucre sur la terre des Brassard depuis la fin du XIXe siècle et le grand-père d’André Brassard sauçait la palette, paraît-il, davantage et plus longtemps. La taille des palettes tend aussi à diminuer. Si les palettes du temps de son grand-père était sculptées à la hache et pouvait mesurer jusqu’à dix centimètres de largeur, on achète aujourd’hui des palettes usinées qui font tout de même le plaisir des amateurs des produits de l’érable.
La réalisation de l’Inventaire des ressources ethnologiques du patrimoine immatériel a été rendue possible grâce à l’appui de nos partenaires.