Développés au cours du XXe siècle par des ingénieurs de ski, entre autre le norvégien Hermann Smith-Johannsen aussi connu sous le nom de Jack Rabbit, les sentiers de ski de fond reliant les centres de villégiatures les plus anciens de la région ont depuis été parcourus par les amateurs de ski. Utilisé depuis le début du XXe siècle par les agriculteurs comme moyen de transport pour se déplacer pendant la saison hivernale, ces sentiers de ski de fond ont encouragé la pratique de ce sport en tant qu'activité de loisir.
Carte des sentiers de 1982, © IREPI
Jean-Sébastien Thibault, moniteur et formateur de ski de fond, fait découvrir les nombreux sentiers parcourant les Laurentides, en ski de fond ou à vélo de montagne. Propriétaire d'un café et d'un magasin de sport directement sur le parc linéaire du P'tit Train du Nord qui relie Montréal à Mont-Laurier, il s'est donné comme mission de protéger ces sentiers pour perpétuer une pratique de loisir qui est aux fondements du patrimoine touristique des Laurentides.
Les sentiers ont longtemps été empruntés par les amateurs de ski de fond depuis les années 1950. Avec le développement de résidences de villégiature qui se développe constamment dans cette région, ces sentiers sont de plus en plus menacés par les propriétés privées qui s'installent sur le parcours historique. En se fondant sur la carte des sentiers datant de 1982, Jean-Sébastien Thibault tente de protéger les parcours en sensibilisant la population et en les relocalisant si le développement résidentiel l'y en oblige. Ainsi, ils demeurent toujours praticables pour les milliers d'amateurs qui les empruntent chaque année.
Jean-Sébastien Thibault, © IREPI
Enfant, Jean-Sébastien Thibault était promené en traîneau par ses parents sur les sentiers, avant même que celui-ci ne puisse marcher. Plusieurs activités étaient réalisées en ski de fond : la coupe du sapin de Noël, la récolte des sucres au printemps ainsi que de nombreuses balades en forêt. Sa passion du ski lui a été transmise par plusieurs membres de sa famille, dont son oncle, propriétaire d'une institution du ski de fond dans les Laurentides, le centre de ski de fond Gai-Luron. C'est d'une initiative personnelle qu'il a cherché à parcourir les sentiers de ski de fond à partir des cartes dessinées par les ingénieurs. Il est devenu moniteur de ski pour former les amateurs à la pratique de ce sport de façon sécuritaire, mais aussi pour leur faire découvrir les sentiers de la région.
La colonisation des Laurentides a débuté en 1880. Les premiers colons se sont lancés dans la production agricole. Toutefois, les terres agricoles des Laurentides étant peu productives, l'économie régionale des Laurentides s'est rapidement tournée vers le tourisme. L’industrie touristique s’est développée dans les années 1940, par la promotion des activités sportives et de villégiature.
Avant de devenir une activité de loisir, le ski constituait, dès son introduction au début du XXe siècle dans les Laurentides, un moyen de transport pour circuler sur les terres agricoles et en forêt. En effet, le déneigement des routes en hiver dans les Laurentides a débuté à partir de 1945 seulement. En 1905, les skieurs n'utilisaient qu'un seul bâton qu'ils plaçaient entre leurs jambes pour se propulser vers l'avant, et les skis, plus larges que leur modèle actuel et sans quart de métal, étaient parfois fabriqués à la main par les agriculteurs. On ne faisait pas de distinction entre les skis de fond et les skis alpins.
Le ski devient une pratique sportive vers 1910, grâce aux innovations technologiques qui lui apportent une meilleure performance. Entre 1910 et 1930, on réalise d’importantes évolutions techniques, dont l'apparition du quart en métal et la mise en place de remonte-pentes, ce qui marque une distinction entre le ski de fond et le ski alpin. C'est à cette époque que les sentiers de ski de fond et que les pistes de ski alpin se développent et que débute un nombre important d'expéditions au cœur des Laurentides pour développer des sentiers.
C'est le cas de l'ingénieur de ski norvégien Hermann Smith-Johannsen, aussi connu sous le nom de Jack Rabbit, qui dessine alors des pistes pour le ski de fond entre les villages, selon le style norvégien. Le réseau des sentiers fait par M. Rabbit est unique au Québec et même au Canada, et a permis le développement de la pratique du ski de fond comme loisir. C'est lui qui a d'ailleurs développé la fameuse piste Maple Leaf, qui relie Shawbridge (Prévost), Saint-Sauveur, Sainte-Adèle, Val-Morin et Sainte-Agathe-des-Monts. Ce premier tracé de plus de 40 km a par la suite atteint le petit village de Mont-Tremblant en suivant la voie ferrée du P’tit Train du Nord. Les skieurs pouvaient donc facilement rejoindre le train ainsi que les auberges situées non loin du parcours, pour se restaurer, et répondre aux besoins d'une clientèle du loisir. Aidé par le développement des réseaux de trains Canadien National et Canadien Pacifique vers les Laurentides, le ski a marqué le début de l’industrie touristique quatre saisons des Laurentides. Ces deux voies d’accès ferroviaires amènent un flot de skieurs, jusqu’à 100 000 par année. Serge Laurin, historien, relate cela dans l'ouvrage Histoire des Laurentides: « En devenant une industrie d’importance, le ski a transformé la configuration du territoire des Laurentides et a constitué un apport économique essentiel. L’invasion massive des skieurs entre 1920 et 1940 a complètement transformé un espace dominé par la présence de fermes modestes, de moulins à scie entourant des villages tranquilles en la plus recherchée des aires de récréation hivernale en Amérique du Nord ».
MRC des Pays-d'en-Haut, Service du patrimoine: historique du territoire des Pays-d'en-Haut. En ligne:http://www.lespaysdenhaut.com/99-MRC-Services_Arts_culture_et_patrimoine_Patrimoine.html
LAURIN, Serge (1989) Histoire des Laurentides. Québec: Institut québécois de recherche sur la culture, collection "Les régions du Québec", 892p.
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