La forêt étant prédominante sur le territoire gaspésien, la chasse est devenue au fil des siècles solidement ancrée dans les traditions de la population gaspésienne. Longtemps été considérée comme un moyen de se nourrir durant la période hivernale, la chasse est maintenant perçue comme un loisir. Initié par son père à la chasse au gros gibier vers l'adolescence, Jean Lepage perpétue ce savoir-faire avec son groupe de chasseurs.
À l'arrivée de l'automne, Jean Lepage et son groupe de chasseurs se préparent pour la période de la chasse, de la mi-octobre à la fin octobre. Ce temps de l'année est sacré pour de nombreux Gaspésiens. Les groupes de chasse se forment souvent à l'intérieur de la cellule familiale et d'amis proches. Jean Lepage chasse avec les membres de la famille Mimeault depuis très longtemps, cinq chasseurs composent ce groupe de chasse. Malgré le fait qu'il était enseignant, Jean Lepage a toujours pris une semaine de vacances non payée afin de pouvoir chasser. Au moment d'arriver au camp de chasse, il doit y avoir une préparation des caches et du territoire. Le groupe de chasseurs de Jean Lepage occupe le même territoire de chasse depuis de nombreuses années. Il est situé au centre du territoire de la Gaspésie, tout juste au sud de la Réserve faunique des Chic-Chocs. Les territoires de chasse dans les forêts publiques de la région ne sont pas régis par des règles écrites. Les chasseurs respectent les limites de leur territoire. Sur leur territoire d'environ trois kilomètres carrés, Jean Lepage et son groupe de chasse ont aménagé un camp de chasse et des caches pour chacun des cinq chasseurs. Chaque année, la priorité du choix de la meilleure cache est laissée au chasseur qui n'a pas réussi à abattre un orignal depuis le plus longtemps. Pour la chasse par groupe, il est possible de tuer un orignal pour deux chasseurs chaque année. Puisqu'ils sont cinq chasseurs, le groupe de chasse de Jean Lepage a la possibilité d’en tuer deux .Chaque chasseur doit détenir son permis s'il veut être en mesure d'abattre un orignal. Un permis est accordé à condition de détenir un certificat d'autorisation d'arme à feu. Grâce à l'abondance de ce gibier sur le territoire gaspésien, ils repartent rarement bredouille d'une semaine de chasse. Lorsque la bête est abattue, il faut dans un premier temps faire faisander la viande (la faire vieillir). Pour ce faire, il faut suspendre dans les airs le corps intact de l'orignal pendant quelques jours. Par la suite, Jean Lepage et son groupe doivent débiter la bête en quartier, ôter la peau et la nettoyer. La viande est alors apportée chez un boucher qui se spécialise dans la coupe de viande des gros gibiers. Jean Lepage et les autres chasseurs partagent toujours la viande de façon égale entre eux. ils ont alors de la viande d'orignal pour plusieurs mois.
Le premier contact de Jean Lepage avec la forêt ne s'est pas déroulé avec la chasse, mais plutôt avec la trappe. À l'âge de dix ans, il commence à installer ses premiers collets de lièvre derrière la maison familiale. Rapidement, il emprunte le fusil de calibre 22 de son père en cachette afin de chasser le petit gibier. Vers l'âge de 14-15 ans, il commence à chasser le gros gibier avec son père, Richard Lepage, et un ami de la famille, Fernand Cloutier. Son apprentissage s’est poursuivi pendant plusieurs années. De nos jours, Jean Lepage a l'occasion d'amener son fils avec lui à son camp de chasse à quelques reprises. Toutefois, son garçon n'a pas développé un intérêt marqué pour cette pratique. L'un des membres du groupe de chasse de Jean Lepage amène maintenant son garçon de 16 ans durant la période de chasse. Lors de la première année, son fils est venu durant une seule fin de semaine. La deuxième année, il a passé cinq jours. Et cette année, il prévoit venir chasser avec son père une semaine complète. Son apprentissage se fait de façon progressive. Jean Lepage et les autres chasseurs du groupe ont donc la possibilité de transmettre leurs connaissances à une nouvelle génération de chasseurs.
La chasse étant une activité traditionnelle en Gaspésie, Jean Lepage est rapidement mis en contact avec cette pratique durant sa jeunesse. Comme la plupart des jeunes de la région, il développe un intérêt pour la chasse au gros gibier vers l'âge de 15-16 ans. Au départ, Jean Lepage se spécialise dans la chasse au chevreuil. À cause de la diminution du cheptel de chevreuils, cette chasse est interdite pendant une période d'environ dix ans. Jean Lepage décide alors de se concentrer sur la chasse à l'orignal où le cheptel est en bonne santé. En plus de chasser l'orignal à chaque automne, Jean Lepage est aussi trappeur l'hiver venu. Il a développé ses connaissances depuis l'âge de dix ans. Comme trappeur, il se spécialise dans la trappe du coyote, principal prédateur du chevreuil en Gaspésie.
La réalisation de l’Inventaire des ressources ethnologiques du patrimoine immatériel a été rendue possible grâce à l’appui de nos partenaires.