Cueillette de mollusques

Yves Martinet

Directeur du ZIP (Zone d'Intervention Prioritaire)

Forme d'expression

Intérêt patrimonial

Dans l’archipel des Îles-de-la-Madeleine, la cueillette de mollusques est une activité familiale et plus récemment aussi touristique. Les techniques de cueillette, les connaissances liées à la marée et les meilleurs sites ainsi que les recettes sont transmis de génération en génération.

Description de la forme d'expression


La cueillette de mollusques est une coutume répandue aux Îles de la Madeleine. Elle s’effectue à marée basse. À ce moment-là, un platier mesurant entre 200 et 300 mètres, légèrement incliné vers la mer, se découvre. Une grande surface est alors disponible pour des activités diverses, tels que la cueillette. La coque (ou la mye) et la palourde sont les espèces les plus communes. Pour pouvoir cueillir des coques, il faut d'abord les localiser à marée basse. Les trous dans le sable témoignent de la présence de coques. La technique traditionnelle consiste à les cueillir manuellement une à une. Pour ce faire, les pêcheurs creusent des trous de 10 à 15 centimètres à l'aide d'un pêche-coque, c'est-à-dire d'une fourche munie de cinq lames. Puisque les coques vivent en gisements, on peut alors recueillir des nids. La palourde est également pêchée manuellement et ce parfois même en plongeant dans les eaux plus profondes. Une fois le seau rempli, il existe plusieurs manières de préparer les mollusques pour consommation. Hormis certains habitués qui mangent des mollusques crus en quantité limitée, les Madelinots les font cuire dans un fond d'eau salée (provenant de préférence de la mer). Après 10 ou 20 minutes, les coquilles s'ouvrent et les mollusques peuvent être apprêtés, par exemple avec du beurre à l'ail. De plus, les mollusques sont intégrés dans plusieurs recettes régionales, comme le pot-en-pot aux fruits de mer. Au fil des ans, différentes pratiques alimentaires se sont développées pour extraire le sable. Si certains optent pour un petit bol d'eau froide posé sur la table pour les rincer, d'autres les mettent au sec entre trois et quatre heures pour que les coquilles s'ouvrent un peu. Puis, en y versant beaucoup d'eau tout d'un coup, les coquilles s'ouvrent complètement. D'autres encore ajoutent une cuillère de bicarbonate de soude dans le seau d'eau. Une coutume particulière est la cuisson sur le platier qui se transforme en activité sociale. Les Madelinots allument alors un petit feu sur le bord de la grève. Comme ils sont à l'extérieur, ils peuvent faire bouillir leur cueillette dans de l'eau de mer tout en laissant déborder le chaudron, ce qui permet d'en évacuer le sable. Ainsi, ils mangent frais et en plein air. L'hiver, lorsque les zones côtières sont couvertes de glace, les mollusques sont plus difficilement accessibles. Il y a donc un temps d'arrêt au mois de janvier. Or, certaines espèces, comme la moule bleue, peuvent être pêchées à longueur d'année. On perce alors un trou dans la glace et on pêche à faible profondeur. Mais cette pratique est plutôt marginale.


Apprentissage et transmission


Les Madelinots ont le souci de transmettre leur pratique. D'abord et avant tout, il s'agit d'apprendre aux enfants comment faire. En effet, les politiques du ZIP, visant à la fois la continuité de la cueillette de mollusques en diffusant le savoir-faire traditionnel et la sensibilisation des habitants afin de préserver l'environnement naturel, ont pour motivation de permettre aux enfants de profiter encore de cette pratique. De plus, des formations sont offertes aux touristes. De manière moins formelle, les Madelinots donnent un coup de main aux touristes qui ne sont pas familiers avec la pratique. L’organisme Zone d'Intervention Prioritaire veut assurer la continuité de la pratique en diffusant le savoir traditionnel de la cueillette et en offrant des formations.

Historique général


La cueillette de mollusques est une pratique ancrée dans le territoire et dans l'histoire des Madelinots qui se perpétue depuis des siècles. Jusque dans les années 1950, les mollusques faisaient partie intégrante de l'alimentation. Aujourd'hui, il s'agit moins d'une nécessité. Cependant, les Madelinots continuent à cueillir des mollusques et laissent participer les touristes à cette activité récréative. Depuis les années 2000, le siphon de toilette fait concurrence au pêche-coque. Cet outil permet d'aller chercher des douzaines de coques à la fois.


Sources

  • Nom du facilitateur ou des facilitateurs : Marc- André Complaisance
  • Date d'entrevue : 2008-08-25
  • Nom de l'indexeur ou des indexeurs : Gesa Bierwerth

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