La Bougie du Carnaval de Québec est une tradition unique à cet événement. Elle matérialise l'importance accordée à la lumière dans le cadre de cette fête hivernale. La Bougie est vendue par des centaines de bénévoles, et ce chaque année depuis 1959, à l'exception d'une interruption au cours des années 1990. Acheté par des milliers de résidents de la ville de Québec, l'objet éclaire le domicile de chacun d'eux lors de la soirée de la Bougie. Il s'agit également d'une activité de financement assurant la continuité des festivités carnavalesques.
La Bougie du Carnaval est une loterie traditionnellement associée au Carnaval de Québec dont l'objectif premier est de financer une partie de l'évènement. Le Carnaval met sur pied un comité de la Bougie qui chapeaute l'ensemble des activités liées à la vente de l’objet. Ce comité est présidé par un bénévole. Le territoire de la grande région de Québec est divisé en cinq « bonhommeries », dont chacune compte son propre comité composé d'un président et de 35 à 40 bénévoles vendeurs. C'est à l'occasion de la soirée de la Bougie que la majorité des ventes sont effectuées. Des centaines de personnes de tout âge sillonnent les rues de la grande région de Québec et ses environs, pour visiter les résidences et des lieux publics, afin de vendre cet objet. La Bougie est vendue dans un emballage de carton. La cire de la Bougie gagnante coule d'une couleur différente, souvent vert ou rouge, environs 15 minutes après avoir été allumée. À l'intérieur, il y a une capsule en papier sur laquelle est inscrit le prix gagné. Chaque résident allume alors sa Bougie pour vérifier si elle est gagnante. Une Bougie gagnante donne la possibilité de participer à un grand tirage ou encore de recevoir des prix instantanés comme de l'argent ou des biens divers.
La Bougie, telle que nous la connaissons aujourd’hui, tire son origine d’une vente de billets organisée dès le Carnaval de 1955, afin de financer l’évènement. À cette époque, les duchesses représentent des groupes « d’employés civils, d’étudiants de l’Université Laval, de raquetteurs, de skieurs, ceux aussi du jeune Commerce et du Junior Board of Trade » (Jean Provencher, p. 26). La vente de ces billets sert à « mousser la candidature de leur reine » (Jean Provencher, p. 26). En effet, la duchesse élue Reine du Carnaval est celle dont l’équipe a vendu le plus de billets. La division du territoire de la grande région de Québec en sept duchés vient de cette activité de vente. Selon Wilbrod Bherer, président de l’édition 1957, « un des premiers avantages de la division du grand Québec en duchés est l’organisation des réjouissances sur le plan local. » (Jean Provencher, p. 50). En 1959, à la suite d’un mécontentement de la population qui déplore que l’élection de la reine est réduit à un simple calcul comptable, l’organisation du Carnaval décide qu’elle se fait désormais par un tirage au sort.
Après l’édition de 1958, le Carnaval de Québec éprouve des problèmes de financement. L’une des solutions proposées est en cohérence avec une décision prise en 1959, soit de faire du Carnaval un événement de lumière : « Jamais les rues commerçantes de Québec n’auront été aussi illuminées » ( Jean Provencher, p. 59). En effet, c’est dans ce contexte que la vente de billets est remplacée par celle de bougies. La première soirée de la Bougie se déroule en 1959, présidée par Roland Morneau, considéré comme l’instigateur de la vente de cet objet. Ainsi, le soir de la Bougie, on parle de la « lumière du carnaval» (Jean Provencher, p. 60). Dans les années 1990, la vente de la Bougie connaît un véritable déclin. Elle est remplacée par un « gratteux », très en vogue chez Loto Québec à cette époque. En 1995, le couronnement de la reine attire à peine 2500 personnes. Devant l’imminence d’une baisse de popularité, le Carnaval procède à une refonte complète de ces activités. Il abolit l’élection des duchesses et de la reine, réduit les sept duchés en cinq « bonhommeries ». Les duchés, puis les bonhommeries, sont constitués à la suite d’un découpage territorial du royaume du Bonhomme Carnaval. Ce terme carnavalesque, créé par le Carnaval, est une contraction des mots bonhomme et seigneurie. Depuis les années 2000, la traditionnelle Bougie du Carnaval est de retour. Daniel Bouchard, directeur des opérations au Carnaval, affirme que la Bougie du carnaval est une tradition unique au Québec, faisant partie de la signature de l’événement. Encore aujourd’hui on peut voir, le soir de la bougie venu, des milliers de petites chandelles éclairer les résidences de la ville de Québec.
Carnaval de Québec. Carnaval de Québec. (En ligne). Adresse URL : http://www.carnaval.qc.ca/fr/index.asp (page consultée le 6 mars 2012)
Jean Provencher. 2003. Le Carnaval de Québec la grande fête de l'hiver. Éditions MultiMondes et la Commission de la capitale nationale du Québec, 144p.
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