Transmis traditionnellement de mère en fille dès le jeune âge, le chant de gorge est un savoir-faire pratiqué par les femmes inuites. Cet art donne lieu à des performances se déroulant lors de rencontres et de fêtes rassemblant les communautés inuites.
Le chant de gorge, katadjait, pratiquée ici par Mary Sivuarapik, est uniquement réalisé par les femmes, habituellement groupées par paire. Deux femmes se placent l'une en face de l'autre. Une des interprètes entame le chant par un thème très rythmé et la seconde interprète enchaîne en y joignant son propre chant. Il s'agit dans les cas présentés ici de syllabes chantées évoquant un monde animal (cris des oiseaux, des caribous, des loups, etc.). Le son est produit par la circulation contrôlée de l'air dans la gorge de l'interprète et par des effets de la luette et de la glotte. La distance entre les deux chanteuses peut également accentuer la résonance de chacun des sons émis. Les deux chants s'élèvent sur un même rythme, mais comportent des sonorités différentes. Le chant se termine lorsqu'une des femmes se trompe, ce qui provoque le rire des deux interprètes. Ainsi, le chant peut durer entre une et trois minutes. Les chants de gorge se pratiquent lors de réunions familiales, dans les maisons. Des compétitions de chants ont lieu dans des endroits extérieurs et intérieurs variés et de type communautaire. L'enseignement des chants de gorge est donné au Centre d'éducation des adultes de Puvirnituq.
Les mères ont eu coutume d'enseigner à leurs filles la façon de reproduire, de manière ludique, les sons, en enchaînant des rythmes qui allaient constituer les chants de gorge traditionnellement dans les igloos. L'apprentissage pouvait se faire dès le plus jeune âge. Les femmes ayant terminé leur formation partageaient ensuite les chants de gorge avec les autres communautés dans le cadre de compétitions ou lors de rencontres moins formelles de chasse et de pêche et d'activités liées à l'artisanat ou au loisir. Des cours sont dispensés par les aînées au Centre d'éducation des adultes à Puvirnituq à raison d'un soir par semaine durant toute l'année scolaire.
Les chants de gorge existent traditionnellement sur tout le territoire du Nunavik et même au-delà sur le territoire arctique canadien. Il s'agit d'une coutume transmise de mère en fille. Enseignés sous forme de jeu dès le plus jeune âge, les chants deviennent l'occasion de performances lors de rencontres entre les différentes communautés inuites du Nunavik. Avant la sédentarisation des Nunavimmiut, les rencontres se déroulaient suivant les activités de chasse et de pêche. Aujourd'hui, c'est davantage lors de fêtes ou de festivals que se déroulent ces compétitions. Mary Sivuarapik a appris à chanter sous l'igloo au contact de sa mère qui elle-même l'avait appris de sa propre mère. De la même façon que Mary Sivuarapik a appris à parler, elle a appris à chanter : «Ce n'est pas plus difficile à apprendre que la langue», dit-elle. Mary Sivuarapik participe chaque année à des compétitions de chants de gorge à l'intérieur du Nunavik. Elle donne également des prestations à l'extérieur du territoire nordique, au Canada, en France et en Allemagne. Un enseignement des chants de gorge est donné aux jeunes inuites au Centre d'éducation des adultes de Puvirnituq. Un colloque a également été tenu en 2001 à Puvirnituq réunissant 80 interprètes, dont Mary Sivuarapik considérée par la communauté comme une des plus talentueuses interprètes de chant de gorge.
Site du Centre de l'art contemporain canadien. «Chants inuits-gorge et guimbarde. Musique des Esquimaudes de Povungnituk». Collections numérisées du Canada, Industrie Canada et Patrimoine Canada [en ligne]. Http://www.ccca.ca/inuit/français/inuit_audio1.html (page consultée le 28 août 2007).
Deschênes, Bruno, 2005. «Jeux de gorge inuits», dans La Scena Musicale, vol. 10 (mai), no 8, p. 53.
Société Radio-Canada, 1981. Chansons indiennes et inuites du Québec nordique. Montréal, Service du Québec nordique/Société Radio-Canada, 93 p.
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