Le port de Sorel

Roland Plante

Membre de la société historique de Sorel et ancien employé au port

Espace culturel

Intérêt patrimonial

Pendant près d’un siècle et demi, entre le début du XIXe jusqu’aux années 1960, Sorel était un pôle de développement industriel maritime dont les activités rayonnaient tant au Québec qu’au Canada. Le port abritait des remorqueurs et des chalands qui circulaient sur le fleuve et servaient à la construction de bateaux de marchandises. Les chantiers maritimes de Sorel ont employé des centaines de familles de travailleurs qui ont transmis leurs savoir-faire sur plusieurs générations. Aujourd’hui, le port de Sorel accueille principalement des bateaux de plaisance, et les familles ayant participé aux activités du port, telle que celle de Roland Plante, perpétuent la mémoire du patrimoine maritime de Sorel. 

Description de l'espace culturel


Le port de Sorel-Tracy, situé à Saint-Joseph-de-Sorel à l’embouchure du fleuve Saint-Laurent et de la rivière Richelieu, est un port spécialisé dans la manutention de produits d’acier et de marchandises générales. On y trouve aussi une partie aménagée pour les bateaux de plaisance ainsi que différentes allées portuaires pour les visiteurs à pied et un service de traversier qui relie Sorel à Saint-Ignace-de-Loyola du 1er avril au 31 décembre. Malgré ces activités, le port de Sorel était moins dynamique qu'autrefois. On y construisait alors des navires et un nombre important d’embarcations accostaient, embarquaient et déchargeaient des marchandises de toute sorte. Les activités portuaires attiraient également une multitude d’industries connexes établies à proximité pour profiter de cet accès privilégié au fleuve et au marché international qu’il permettait. La vie portuaire était autrefois ponctuée par les activités journalières, telles que les quarts de travail, la construction de chalands, l’arrivée d’un navire transocéanique, et saisonnières, comme la mise en cale des bateaux pour l’hiver, l’entretien annuel des embarcations ou la mise à l’eau des navires. Au cours des deux guerres mondiales, la production au port et dans les industries connexes s’intensifiait.


Si cet espace culturel n’a plus exactement les mêmes fonctions industrielle et commerciale qu’autrefois, il demeure important dans la vie des résidents et il est un témoin important de l’histoire régionale.


Apprentissage et transmission


Les métiers de navigation et de construction de navires étaient souvent une affaire de famille. Le père, les deux grand-pères et l’arrière-grand-père paternel de Roland Plante ont tous travaillé dans l’industrie maritime comme capitaine ou marin. Jusqu’au début du XXe siècle, les nouveaux apprentis étaient formés au métier par des employés expérimentés qui leur montraient les tâches avant de les réaliser eux-mêmes. Les jeunes Sorelois qui désiraient travailler pour le port de Sorel devaient donc trouver un maître sur le chantier pour lui apprendre le métier. Avec la mise en chantier de plus gros navires, l'expertise et le savoir-faire des ingénieurs nécessita une plus grande expérience en raison des tâches plus complexes à effectuer. C’est ainsi que sont venus d’autres régions des mécaniciens, contre-maîtres et ingénieurs pour former les employés sorelois aux nouvelles technologies.

Historique général


Dès le début du XIXe siècle, plusieurs petits chantiers maritimes ont vu le jour dans ce secteur, car à l'époque on fabriquait des embarcations en bois, des chaloupes et des remorqueurs pour assurer le transport des marchandises entre les îles, surtout entre la rive Sud du fleuve où se trouve Sorel à la rive Nord, à Saint-Ignace-de-Loyola. Ces premières embarcations de petite envergure étaient destinées au marché local et n'étaient pas produites en grand nombre, les premiers chantiers navals étant de petites entreprises familiales.


La modernisation des matériaux et la hausse de la demande attira beaucoup de travailleurs comme constructeurs de bateaux à Sorel, où un port et un chantier ont été aménagés. Au cours de la Première Guerre mondiale, les chantiers navals sorelois sont d’une grande importance au le Canada. Plusieurs navires de marchandises sont construits et de nombreuses industries apparaissent. Dans les années 1830, la St. Lawrence Steamboat s’implante dans le secteur. Les embarcations en bois ont fait place à des navires à rivet fonctionnant à vapeur. Ce développement est majeur pour Sorel puisque rapidement d’autres industries, notamment dans le domaine de la sidérurgie, s’y installent. En 1839, deux irlandais, les frères McCarthy, prennent la direction des chantiers maritimes pendant une trentaine d’années. Leur chantier naval deviendra par la suite une propriété du gouvernement fédéral.


La Deuxième Guerre mondiale, apogée de l’industrie maritime soreloise, aura un effet encore plus grand pour le développement de la ville. Avec la hausse de production, le port connaît un achalandage inégalé, tant par le nombre d’employés que par le nombre de navires en chantier. Les années qui suivent seront quant à elles marquées par un lent déclin jusque dans la décennie 1960, où le port de Montréal remplace celui de Sorel. Mieux adapté à l’arrivée de navires toujours plus grands, le port de Montréal possède des infrastructures plus grandes et un accès à un bassin de population beaucoup plus grand, ce qui marque la fin de l’époque de l’industrie maritime du port de Sorel.


Le souvenir de ces activités portuaires intenses vit dans la mémoire de ceux qui y ont participé et dans l’imaginaire des nouvelles générations qui vivent près des installations portuaires toujours présentes. Cet intérêt patrimonial se lit aussi dans plusieurs publications qui ont été réalisées sur les activités maritimes de Sorel.


Documentation

Sorel, un pays entre terre et eau, Centre d'interprétation du patrimoine de Sorel, Corporation soreloise du patrimoine régional, 1996.


PROVOST, Alphonse, Les grèves de Sorel, Montréal, Librairie Pony, 1938-1939.


COUILLARD, D. Azarie, Histoire de Sorel, de ses origines à nos jours, Montréal, Imprimerie des sourds-muets, 1926.

Sources

  • Nom du facilitateur ou des facilitateurs : Pauline Moulis, Jean-Sébastien Laliberté
  • Date d'entrevue : 2011-07-12
  • Nom de l'indexeur ou des indexeurs : Jean-Sébastien Laliberté

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