Fabrication de panier en hart rouge

Alfred Gagnon

Artisan vannier

Forme d'expression

Intérêt patrimonial

La vannerie est un savoir-faire transmis de manière intergénérationnelle dans la région de Saint-Jean-Port-Joli depuis plusieurs années. Bien que ce type d’artisanat soit moins populaire qu’auparavant, la pratique semble jouir d’un engouement renouvelé. Alfred Gagnon est une des rares personnes qui perpétue cette tradition, tout en conservant l’aspect utilitaire et l’esthétique rustique des paniers de hart rouge. Au Québec, la vannerie contemporaine est surtout destinée à être décorative alors qu’Alfred Gagnon continue de confectionner des paniers robustes utilisés pour faire la récolte de certains légumes et autres tâches connexes sur ses terres.

Description de la forme d'expression


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La vannerie telle que pratiquée par Alfred Gagnon est une méthode d’entrelacement de tiges de hart rouge, prononcé « har », aussi appelé l’osier rouge, autour d’une charpente faite d’un autre type de bois, comme du noisetier ou du frêne noir. Alfred Gagnon parcourt ses terres afin d’exécuter d’autres travaux. Il profite de ces moments pour récolter quelques branches de hart rouge pour confectionner ses paniers. L’hart rouge ou l’osier rouge est choisi en fonction de sa souplesse et de sa disponibilité sur les terres. L’automne est la meilleure saison pour la cueillette puisque les branches sont bien visibles et qu’elles ont déjà écoulé leur sève ce qui, le printemps ou l’été, devient problématique puisque la peau de la tige tend à peler. Par ailleurs, cette saison est idéale pour Alfred Gagnon puisqu’il a plus de temps libres. L’hart rouge sert principalement au tressage. Lorsqu’il fait son choix, il privilégie des branches d’assez bonne longueur qui sont le moins possible ramifiées. Ensuite, il opte pour des branches qui serviront à construire l’armature de son panier. Pour cette partie, il préfère utiliser du frêne noir, qu’il dit plus solide, pour construire l’anse. Il a recourt à des branches de noisetiers pour les arcs qui serviront en quelque sorte de squelette au panier. Sa récolte complétée, il l’ajoute à ses branches déjà amassées afin d’avoir tout le matériel nécessaire pour commencer un panier quand il en aura le temps.
La seconde étape consiste en la réalisation de la base de son panier, c'est-à-dire toute l’armature et la construction de l’anse. Pour cette étape, il taille, à l’aide d’un couteau, un tronc de frêne noir afin d’obtenir la longueur idéale de l’anse qui sert aussi d’arc pour le fond du panier. Cette anse est construite à partir d’un moule et il est important de choisir une branche verte qui se manipulera plus aisément. Une fois son anse bien coupée, il assemble les deux parties pour construire un ovale plus ou moins régulier et il les fixe à l’aide de deux petits clous. Son anse stabilisée, il utilise une branche de noisetier pour délimiter la bordure qui sera assez solide pour supporter la pression exercée par le tressage des branches de hart rouge. À partir du croisement de l’anse et de la bordure, aussi appelé croisillon, il commence, de chaque côté, l’entrelacement d’une branche de hart rouge qui sert d’assise pour recevoir les autres arcs dans la base du panier. Il utilise encore du noisetier pour construire les arcs et à l’aide d’un petit sécateur, il ajuste la taille de branches. Alfred Gagnon ne calcule pas les longueurs exactes, elles sont toujours définies « à l’œil ». Lorsqu’il obtient la bonne longueur, il effile en flèche les pointes de chaque arc afin de les glisser à l’intérieur de son premier tressage de branches de hart rouge. Alfred Gagnon peut insérer jusqu’à huit arcs sur un panier de dimension moyenne. Une fois cette étape terminée, il exécute un second tressage avec une branche de hart rouge qui solidifie le croisillon et le jointoiement des arcs.
Pour la troisième, et dernière, étape, Alfred Gagnon continue son tressage en utilisant la technique « par-dessous/par-dessus ». Avec cette technique, il termine le tressage de son panier et il est aussitôt prêt à l’utilisation, soit la cueillette de fruits, de légumes ou toutes autres tâches.


Apprentissage et transmission


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Alfred Gagnon a toujours été en contact avec ce type de paniers. Ceux-ci ont longtemps été utilisés à des fins utilitaires et non esthétiques comme plusieurs produits semblables que nous pouvons retrouver sur le marché. Il nous apprend que son père en faisait, mais qu’il ne l’a jamais vu faire. Il l’a plutôt appris d’un voisin qui possédait la technique de tressage du panier, mais qui ne savait pas comment construire les armatures nécessaires à la base. Alfred Gagnon l’a d’abord appliqué à la fabrication de raquettes à neige pour lui-même, puis il a fait quelques tentatives afin d’obtenir un panier similaire à celui utilisé sur les fermes. Après quelques essais et erreurs, il a trouvé une technique qui lui plaisait et a continué à travailler de cette manière depuis les 30 dernières années. Avec l’expérience, Alfred Gagnon a développé différentes méthodes afin de varier le produit de son savoir-faire. Il s’est lancé dans certains projets plus difficiles, notamment la construction d’un moïse, d’un lit et un coffre à jouets.
La transmission est importante pour lui, mais il désire fortement transmettre ce savoir-faire à quelqu’un qui veut réellement s’y investir. Il mentionne que souvent les gens veulent réussir immédiatement de grands projets sans maitriser la base de cette technique de vannerie. Par contre, il l’a transmis à quelques personnes au cours des 30 dernières années et plus particulièrement lors d’une formation dans le cadre du programme Canada au travail.

Historique général


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La vannerie est une technique qui existe depuis des millénaires. Elle aurait fait son apparition avant la poterie et servait particulièrement à confectionner des objets utilitaires quotidiens. Les matériaux sont essentiellement des plantes locales, souvent considérées comme de la mauvaise herbe, mais qui sont tout de même très flexibles et robustes. La vannerie possède l’avantage de nécessiter peu d’outils et les techniques peuvent être simples ou plus complexes. Le secret de ces techniques a toujours été transmis de manière intergénérationnelle dans plusieurs sociétés. Au Québec plus particulièrement, ce savoir-faire est important dans l’économie rurale puisqu’il était accessible à très peu de frais. C’est une technique qui s’apparente à la méthode de confection de raquette à neige léguée par les Amérindiens. Les techniques issues de la culture amérindienne utilisent comme base des clisses de frênes et non des branches entières de hart rouge. D’ailleurs, l’artisanat amérindien, dont la vannerie, est commercialisé dès le XIXe siècle à des fins décoratives. Par contre, la technique est récupérée par les populations rurales afin de construire des paniers pouvant récolter des légumes. Depuis quelques décennies, la vannerie est considérée comme un art. De nos jours, les artisans sont constamment à la recherche de nouvelles matières, couleurs et formes pour combler les besoins esthétiques de la clientèle. Les techniques contemporaines sont variées, mais chaque artisan possède ses préférences et ses méthodes de trempage des plantes utilisées.


Localisation complémentaire

  • Adresse civique : 84 du rang des jumeaux-Pelletier
  • Ville : Saint-Aubert
  • Code postal : G0R 2R0
  • Téléphone : 418 598 9166

Documentation

LESSARD, Michel. La nouvelle encyclopédie des antiquités du Québec. Éditions de l'Homme, Montréal, Québec, 2007. 1104 pages
LAMOUREUX, Gisèle. Flore printanière, Éditions Fleurbec, Québec, 2002. 578 pages

Sources

  • Nom du facilitateur ou des facilitateurs : Marie-Pier Anctil-Corneau et Todd Picard
  • Date d'entrevue : 2011-06-01
  • Nom de l'indexeur ou des indexeurs : Marie-Pier Anctil-Corneau

Photos

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