Meunerie de la Seigneurie des Aulnaies

Réjean Labbé

Meunier

Forme d'expression

Intérêt patrimonial

La pratique de moulage du blé à la Seigneurie des Aulnaies est aujourd’hui une partie de l’interprétation de la vie seigneuriale qui s’est déroulée sur le site au milieu du XVIIIe siècle. On y démontre notamment le fonctionnement de la monture sur pierre au moyen de l’une des plus grandes roues à godets en activité au Québec.

Description de la forme d'expression


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Réjean Labbé est meunier à la Seigneurie des Aulnaies depuis 1987. Au moulin, datant de 1842, il moud sur meules de pierre du grain de blé biologique pour y faire de la farine destinée à la vente. Le moulin, comptant trois étages et demi, est doté d’une roue à godets. La roue est avantageusement située à l’intérieur du bâtiment, ce qui évite les contraintes climatiques à l’automne et au printemps, permettant ainsi une plus longue période de fonctionnement. La roue à godets est actionnée par le poids de l’eau provenant de la rivière qui, couplée à la taille de la roue, lui confère son énergie. La roue compte 75 godets d’une capacité de 20 gallons d’eau. Cinq godets suffisent à déséquilibrer la roue pour l’actionner.
Le grain provient de producteurs régionaux et est acheminé au moulin ensaché ou en vrac. Il est ensuite criblé. Le criblage sépare le grain des impuretés (paille, terre, etc.). Le grain criblé est versé dans une trémie et descend par gravité, à un débit régulier, entre deux meules par un trou appelé le yard. Les meules sont faites de pierre de silex et de quartz. La meule du dessous est fixe et celle du dessus tourne. En tournant, la meule génère une force centrifuge guidant le grain au centre de la meule où il se fait moudre. La qualité de la mouture dépend de la texture de la surface de la meule. Cette surface doit être suffisamment rugueuse pour briser le grain. Chaque meunerie doit avoir un piqueur de meule. À Saint-Roch-des-Aulnaies, Réjean Labbé est également piqueur de meule. Travail de patience, il doit faire des trous dans la meule à l’aide d’un outil appelé le marteau piqueur. Lorsque le grain est enfin moulu, la mouture tombe dans un sac nommé jupe et remonte par des alivettes (convoyeurs) jusqu’au bluteau. Le bluteau est semblable à un vaisselier doté d’une huche. Un tamis se retrouve à l’intérieur. C’est le calibre du tamis qui sépare les diverses composantes du blé. Ces composantes sont au nombre de cinq : la fine fleur, la farine à pain, le gru blanc, le gru rouge et le son. Au bout du bluteau, il y a une poche dans laquelle tombe le gros son ou le résidu du blutage. Le meunier prépare ensuite les diverses sortes de farine avec ces composantes. Il peut modifier ses recettes selon les besoins des clients. Les farines préparées au moulin de la Seigneurie des Aulnaies sont, entre autres, la farine tout usage non blanchie. À cette fin, il mélange la fine fleur et la farine à pain. La farine de blé entier, pour sa part, est composée de 40 % de son et d'un mélange des autres moutures.


Apprentissage et transmission


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Réjean Labbé a grandi sur une ferme où il a appris différentes tâches manuelles et développé sa débrouillardise, ce qui l’a grandement aidé dans la pratique de divers métiers avant de devenir meunier. Il a fait son apprentissage en occupant le poste d’assistant meunier au moulin de la Seigneurie des Aulnaies. Un concours de circonstances a fait de lui le meunier principal. Au fil des ans, Réjean Labbé a perfectionné sa technique de mouture et ses recettes de farine.

Historique général


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La technologie de la mouture de graines céréalières a été introduite en Nouvelle-France avec les premiers colons européens qui commençaient à s’y installer au milieu du XVIe siècle. Selon l’obligation de la banalité de la seigneurie, le seigneur devait s’assurer de la disponibilité d’un moulin à farine afin que les censitaires viennent moudre leur blé, d’où l’expression moulin banal. En contrepartie de la monture, un quatorzième du grain moulu revenait au seigneur. Au début de la première moitié du XVIIe siècle, la seigneurie de la côte sud, à l’est de Québec, a été établie sur un vaste domaine au bord du fleuve Saint-Laurent. Le premier moulin à farine de la seigneurie a été érigé au même endroit que le moulin actuel entre 1738 et 1739 par le constructeur Augustin Lemieux, un habitant du cap Saint-Ignace, sur une commande de l’administrateur Antoine Juchereau Duchesnay au moment où le propriétaire du domaine résidait aux Antilles. Ce moulin, le premier de la rivière Ferrée, a été construit en bois sur une fondation en «maçonne». Afin d’augmenter la productivité et dans un souci de qualité, la meunerie de la seigneurie a suivi le cours de l’évolution technique des procédés mécaniques. Ainsi, de 1789 à 1929, elle a connu plusieurs interventions. La structure en bois a été remplacée par à une autre en pierre et à trois étages avec l’augmentation du nombre de moulanges, puis l’installation de scieries, de moteur prennant la relève de la roue à godets, de moulanges à marteaux pour substituer aux meules de pierre. Depuis 1975, l'établissement est revenu au procédé mécanique des moulins hydrauliques témoignant la fine pointe de la technologie du moulage du début de l’ère industrielle.


Localisation complémentaire

  • Adresse civique : 525, Rte de la Seigneurie RR 1
  • Ville : Saint-Roch-des-Aulnaies
  • Code postal : G0R 4E0
  • Site web : www.laseigneuriedesaulnaies.qc.ca

Documentation

1- Corporation des fêtes du 325e Anniversaire de la concession de la Seigneurie des Aulnaies (1981), Les Aulnaies- 1656-1981, Presses de l’imprimerie Fortin Ltée, Québec.
2- Chassé, Béatrice (1984), La Grande-Anse, une seigneurie de la Côte-du-Sud, Ministère des Affaires culturelles, Québec.
3- «Le moulin banal de Saint-Roch-des-Aulnaies», [s.a.], Histoire Québec, vol. 2, n° 2, 1997, p. 24-25.
Internet : «http://www.erudit.org/culture/hq1056841/hq1212438/11094ac.pdf»
4- Brennan, Paul W, « Meunerie»,
Internet : http://www.thecanadianencyclopedia.com/index.cfm?PgNm=TCE&Params=f1ARTf0002867

Sources

  • Nom du facilitateur ou des facilitateurs : Mélina Brochu, Samuel Régulus, Marie-Ève Lord, Marjolaine Boutin et Caroline Boivin Thibault
  • Date d'entrevue : 2011-06-01
  • Nom de l'indexeur ou des indexeurs : Caroline Boivin Thibault et Samuel Regulus

Photos

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