Luc Leclerc appartient à une famille de maquettistes bateliers depuis trois générations à Saint-Jean-Port-Joli, une municipalité située sur la vallée du Saint-Laurent. Grâce aux techniques familiales qui lui ont été transmises, il fabrique de façon artisanale des bateaux miniatures dont la plupart ont marqué l’histoire maritime. Il est l’un des rares au Canada à détenir ce savoir-faire, dont le seul à Saint-Jean-Port-Joli.
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Luc Leclerc est batelier miniaturiste à Saint-Jean-Port-Joli depuis plus de trente ans. À partir de plans provenant de musées ou d’entreprises spécialisées, dont certains sont des rééditions du XVIIIe siècle, il réalise des maquettes de bateaux ayant marqué l’histoire, par exemple lors des batailles franco-anglaises en Nouvelle-France ou encore le célèbre Blue Nose qui figure sur la pièce canadienne de dix cents. Ses principaux clients sont avant tout les institutions muséales, mais les particuliers font aussi appel à son savoir-faire pour avoir la réplique de bateaux célèbres ou celle de leur propre bateau. Il est aussi sollicité pour diverses restaurations de bateaux fabriqués, pour la plupart d'entre eux, par son père ou son grand-père.
Pour fabriquer un bateau il est indispensable de savoir lire un plan et construire à partir de celui-ci. La formation est d'une durée d'un an et demi à deux ans. Luc Leclerc travaille à la demande et réalise à chaque fois une pièce unique à la main. Ce travail artisanal et traditionnel a commencé dans les années 2000, mettant fin à une production industrielle, devenue indispensable à l'époque où son père, Honoré Leclerc, contractait avec de nombreux clients, notamment Américains.
Une fois le plan du bateau étudié, il confectionne la coque du bateau avec des ciseaux à bois. Il utilise uniquement du cèdre pour la réalisation de ses maquettes. Il fabrique également lui-même les pièces qui finaliseront tous les moindres détails de ses reproductions, comme les canons, les cabines, et bien sûr les mâts. Luc Leclerc travaille avec sa femme. Celle-ci installe les voiles en coton et les cordages en corde de lin. Les épouses ont toujours travaillé aux côtés de leur mari, si c'est le cas de sa femme, ce fut aussi celui de sa mère et de sa grand-mère. La réalisation d'une maquette dépend de la taille du modèle et de sa complexité, variant d'une à cinq semaines.
L'atelier dans lequel Luc Leclerc réalise ses fabrications a appartenu à son grand-père et a été restauré par son père et son oncle en 1956. Une boutique située à l'avant de l'atelier accueille les touristes et les clients. Ceux-ci peuvent d'ailleurs recevoir des explications par Luc Leclerc sur la fabrication des bateaux en se rendant dans l'atelier.
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La famille Leclerc est reconnue pour la fabrication de maquettes grâce au travail de trois hommes ayant précédés Luc, soit Eugène, son grand-père, Honoré, son père, et Lucien, son oncle. Luc a appris d’Honoré, comme ce dernier a appris d’Eugène, en aidant dans l’atelier et la boutique. En 1963, les deux frères, Honoré et Lucien deviennent chacun propriétaire de leur commerce.
Issu d'une famille nombreuse, Luc travaille dans l'atelier durant les vacances d'été, tout comme ses frères. Plus tard, Luc décide de poursuivre des études collégiales, mais la maladie de son père en décida autrement. Il fait ainsi le choix de prendre la succession de son père. Luc Leclerc a deux fils étudiants. Plus jeunes, pour leur donner le goût de la fabrication, il essayait de leur transmettre sa pratique comme si c'était un jeu. Mais ces derniers ont préféré suivre des études universitaires et ne semblent pas intéressés à poursuivre l'oeuvre de leur père, même si l'un d'eux a déjà réalisé un bateau.
Bien que les techniques de fabrication soient les mêmes, la main de son créateur, Eugène, Honoré ou Luc Leclerc est reconnaissable pour chaque bateau.
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Tout débute dans les années 1920. Eugène Leclerc, employé à la réfection des ports du Vieux-Québec, est victime d’un accident nécessitant l’arrêt de son travail. Il s’installe alors à Saint-Jean-Port-Joli où il travaille comme gardien de phare. Dès lors, il commence la confection de maquettes de bateaux, avant tout pour son propre plaisir. L’emplacement de Saint-Jean-Port-Joli, desservi par une seule route, et l’engouement pour le tourisme, seront la base de sa renommée. Les touristes s’arrêtent dans son atelier, désirant acheter les maquettes. À partir de 1927, ce savoir-faire lui permet de subvenir à ses besoins.
Dans les années 1960, Honoré succède à son père, après avoir appris et travaillé à ses côtés dès son plus jeune âge. Luc suit le même apprentissage et fait parti des employés travaillant sous la direction d’Honoré. L’année 1987 est dramatique pour la famille Leclerc, un incendie provoque la perte de l’atelier d’Honoré. Celui-ci décide alors de cesser son activité professionnelle. Luc acquiert l'atelier de son oncle Lucien et y confectionne des maquettes depuis plus de 20 ans.
SAINT-PIERRE Angélique, Eugène Leclerc batelier-miniaturiste, Les Éditions La Liberté, Québec, Ste-Foy, 1984.
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