Louise Gravel, Gilles Gravel et Raphaël Gravel-Dubeau

Gigue

Personne

Intérêt patrimonial

Les membres de la famille Gravel sont gigueurs de génération en génération. Ainsi, Gilles a appris auprès de son père, puis il a transmis son savoir à sa fille, Louise. Raphaël Dubeau, le fils de cette dernière, perpétue ce savoir-faire. Ces trois membres de la famille Gravel ont eu l’occasion de transmettre ces pas de danses traditionnelles dans le cadre de cours.

Description de la pratique, du savoir ou du savoir-faire


Les membres de la famille Gravel sont reconnus dans Lanaudière pour leurs talents de gigueurs. Ce savoir-faire s'est transmis d'une génération à l'autre dans le cadre des fêtes familiales. Gilles Gravel a organisé des groupes de danses et a participé à de nombreux concours de gigue. Sa fille, Louise Gravel, a aussi donné des cours dès l'adolescence. Elle a été nommée championne de gigue au Festival des cantons de Sherbrooke. Elle a transmis son savoir à son fils âgé de dix ans. La gigue est définie par Raphaël Dubeau comme « sauter en faisant aller tes pieds ». La gigue est un mouvement des pieds qui se décompose en quatre temps alternés de trois temps (1-2-3-4; 1-2-3; 1-2-3-4; etc.). Il est effectué au rythme de la musique. Les gigueurs habiles se distinguent par leur capacité à suivre le rythme et la beauté des figures exécutées. La gigue comprend différents mouvements tels que le pas de base, le pas de base double, de même que des figures de gigue. Chacun des membres de la famille Gravel-Dubeau a son style de gigue. Ils se distinguent l'un de l'autre principalement par la lourdeur ou la légèreté de leur pas. Gilles et Louise Gravel, de même que le fils de cette dernière, Raphaël, pratiquent les pas de gigue sur une grande planche de bois. Louise et Gilles Gravel dansent avec des claquettes armées de fers alors que Raphaël porte de simples chaussures. L'usage des claquettes permet d'amplifier le son des pas afin de mieux entendre le rythme produit par le tapement des pieds.


Apprentissage et transmission


Gilles Gravel est un descendant d'une famille de musiciens et de danseurs. Il a donc eu l'occasion d'observer les gens giguer. Il se pratiquait dans la grange sur la ferme familiale pour apprendre à suivre le rythme de la musique et les figures. Il considère qu'à l'âge de quatre ou cinq ans, il giguait. Louise a appris à giguer vers l'âge de dix ou douze ans en observant son père et d'autres danseurs que ce dernier côtoyait, tels que les frères Grenier. Elle considère que le secret est de pratiquer. L'intérêt pour cette danse l'a motivé à s'exercer. À l'âge de dix ans, Raphaël Dubeau a appris le pas de gigue par sa mère. Dans un premier temps, il a pratiqué le pas de base puis des figures. Il a appris à giguer en deux ou trois mois. Selon sa mère, il aimait tellement ça qu'il giguait constamment, par exemple en entrant dans la maison pour secouer ses chaussures, dans le bain et en écoutant différents styles de musique. Gilles et Louise Gravel ont donné des cours de gigue. Gilles enseignait à des groupes d'une quinzaine de personnes, trois à quatre fois par semaine dans les salles d'hôtel. Il montrait la gigue à chacun des membres de son groupe. Il observait chacun d'eux s'exercer. Il considère que les gens apprennent à giguer en suivant le rythme. La personne devait être en mesure d'effectuer le mouvement assis avant de le faire debout: "Si tu es capable de t'asseoir et suivre la musique en tapant du pied (...) si tu n'es pas capable de faire ça, ne te lève pas debout ça va être pire parce que tu vas avoir la pesanteur." (entrevue avec la famille Gravel). Gilles estime avoir transmis son savoir à plus de deux cents personnes. Louise transmettait son savoir dans le cadre de cours individuel au domicile de ses parents. Louise considère que tout le monde peut apprendre. La personne pratique tranquillement, puis lorsque le geste devient machinal, elle accélère le mouvement. Durant l'année 2005, elle a donné des cours sur l'heure du dîner aux jeunes de l'école de St-Jean-de-Matha. Par la suite, Lisan Hubert lui a demandé de continuer de donner des cours au CRAPO. À l'automne 2005, Raphaël a aidé sa mère à enseigner au CRAPO de St-Jean-de-Matha. Il faisait pratiquer individuellement les élèves. Louise souhaiterait poursuivre l'enseignement de la gigue, mais elle manque de temps pour se consacrer à ce passe-temps.

Historique général


Les fêtes et les noces étaient un moment où les familles de se rassemblaient et de dansaient. À l'époque, les Gravel étaient reconnus pour leur talent de danseurs dans la région de Sainte-Mélanie, St-Jean-de-Matha et Sainte-Béatrix. Certains jouaient dans les noces. Vers l'âge de six ou sept ans, Gilles dansait dans les noces où son père jouait du violon. Par la suite, Gilles a participé à des concours de gigue en tant que danseur et juge. Lorsque ses trois enfants ont appris la gigue, ils ont aussi pris part à ces compétitions. En 1976, Louise Gravel a été championne du Festival des Cantons de Sherbrooke. Cette année-là, Gilles Gravel avait organisé un groupe de gigueurs avec deux de ses enfants et trois autres enfants, tous âgés entre dix et quatorze ans. Ils ont été champions au même festival en 1976. En 1977, les trois enfants Gravel et leur père Gilles ont formé le groupe "La famille Gravel". Ils ont engagé trois membres de la famille Durand, un accordéoniste et son fils joueur de guitare, de même que son autre fils gigueur. Pendant quatre ou cinq ans, ils ont fait une tournée au Québec pour giguer et chanter des chansons à répondre. Ils ont donné des spectacles et des prestations à la télévision. Âgé de douze ans, Raphaël Dubeau a quelques expériences de la scène, notamment un spectacle de gigue dans le cadre du 150e de la municipalité avec les élèves de sa classe de musique et au bal des finissants de son école primaire.


Documentation

Danielle Martineau et Lisan Hubert, 2004. On a du plaisir nous autres!: Traditions Orales de Lanaudière, Centre régional d'animation du patrimoine orale de Lanaudière (CRAPO), p.113 à 122.

Sources

  • Nom du facilitateur ou des facilitateurs : Francesca Désilets et Marc-André Complaisance
  • Date d'entrevue : 2007-07-02
  • Nom de l'indexeur ou des indexeurs : Francesca Désilets

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