Guillaume Marcotte de Malartic confectionne des mocassins à l’aide de cuir tanné par boucanage. Il a appris au contact de son beau-père, de même qu’en défaisant et en refaisant des objets de la culture amérindienne. Il transmet ses savoirs aux gens qui s’y intéressent.
Guillaume Marcotte est artisan et confectionne différents objets dont certains à partir du cuir qu'il tanne lui-même au boucanage selon une méthode traditionnelle. Ses créations s'inspirent en général de modèles amérindiens et métissés qu'il étudie à travers différentes lectures historiques et techniques sur le sujet. Il fabrique entre autres des mocassins qui servent à son utilisation personnelle ainsi qu'à la vente. Il procède en utilisant des patrons en carton fabriqués par lui-même de sa propre pointure qu'il ajuste à celle des clients. Il découpe dans le cuir trois parties : la semelle, l'empeigne et le revers. Il coud d'abord la semelle et le haut du soulier vers sa pointe, à l'aide d'une aiguille à cuir et d'un fil de nylon ciré en utilisant un point de couture progressif, c'est-à-dire que, parce que la surface inférieure du soulier est doublement plus longue que la surface supérieure, les points cousus plus resserrés sur les côtés se relâchent progressivement vers la pointe du soulier. Guillaume coud ensuite l'arrière du mocassin, donnant ainsi à la couture une forme triangulaire. Il assemble par la suite les rebords externes latéraux et celui placé au devant de la chaussure qu'il va ensuite découper en franges fines à l'aide de ciseaux, ce qui correspond à l'esthétisme des Indiens des plaines. Il peut réaliser à l'occasion des rebords en laine brodés, style davantage associé à un métissage esthétique observé dans sa région. Guillaume perce des trous sur les rebords à l'aide d'un outil afin d'y enfiler les lacets de cuir qui permettent au mocassin d'être resserré lorsqu'on le porte, ou tout simplement comme décoration à l'avant de la chaussure. Le temps de la confection peut différer selon le travail qu'on y met, mais un mocassin traditionnel à franges exige en moyenne un travail de trois à quatre heures. Guillaume Marcotte confectionne plusieurs objets de différents styles d'inspiration amérindienne, par exemple des mocassins, des sacoches de cuir, des vestes ou des manteaux, des mitaines et des ceintures fléchées. La plupart des objets sont confectionnés à partir du cuir boucané de chevreuil, d'orignal et de caribou, technique qu'il pratique depuis 2002. Guillaume Marcotte possède un site Internet sur lequel il présente ses œuvres pour la vente ou pour les curieux. Les internautes peuvent ainsi connaître ses produits et effectuer des commandes de cuir ou d'objets d'artisanat. Guillaume disposera éventuellement d'un système de paiement en ligne qui facilitera les achats à distance. Il présente à l'occasion ses confections lors d'évènements de salon d'artisans où il vend aussi ses œuvres.
Guillaume a appris à fabriquer des mocassins et autres objets à partir d'artefacts amérindiens que son beau-père, Ronald Goudreault, possédait à la maison. Il lui est même arrivé de défaire certains ouvrages pour mieux comprendre les techniques de confection et les refaire ensuite. Lorsqu'il fabrique un objet pour la première fois, il se pratique d'abord dans un autre matériau, comme du tissu par exemple, ou il confectionne des modèles réduits qui ne gaspillent pas trop de surface de cuir. Lorsqu'il se sent plus à l'aise avec la technique, il procède à même le cuir dans les dimensions réelles désirées. Il invite à l'occasion des intéressés voulant s'introduire au travail du cuir et reçoit actuellement une certaine demande pour offrir une formation sur différentes techniques d'artisanat. Guillaume a entre autres transmis ses connaissances à sa sœur qui a pendant un moment travaillé aussi le cuir.
Les mocassins sont des chaussures de cuir qui étaient fabriquées traditionnellement par les premiers peuples d'Amérique du Nord. C'était en général les femmes qui confectionnaient les mocassins, article qui était central dans la vie d'un individu, car celui-ci pouvait user jusqu'à vingt paires de mocassins par an. Il existerait autant de styles et de modèles de mocassins que de groupes amérindiens. Mais en général, les mocassins sont fabriqués à partir de deux morceaux de cuir cousus ensemble, l'un constituant la semelle et les côtés du soulier, et l'autre en forme de « U » permettant de faire le haut de la chaussure. Les colons d'origine européenne ont aussi longtemps porté des mocassins, ce qui fait de cet objet un patrimoine d'origine amérindienne mais élargi aux deux cultures. Les mocassins ne sont plus utilisés à l'extérieur comme on le faisait traditionnellement. Les sols durs et abrasifs comme l'asphalte les usent très rapidement. Si Guillaume Marcotte porte à l'occasion des mocassins à l'extérieur en forêt, la majorité des individus qui se procurent des mocassins aujourd'hui s'en servent comme chaussures d'intérieur à la maison ou comme décoration. Guillaume Marcotte a grandi à Malartic et y est resté jusqu'à l'âge de 19 ans. Il a été initié à l'artisanat amérindien par son beau-père, qu'il a connu à l'âge de dix ans. Ce dernier avait vécu avec une Crie pendant quelques années avant de rencontrer la mère de Guillaume. Il avait beaucoup appris au contact de la culture amérindienne. Il a initié Guillaume à la vie en forêt et c'est ainsi que Guillaume s'est intéressé au travail du cuir. Celui-ci a ensuite poursuivi deux années d'une formation en métier d'art à Québec à l'école de lutherie au Cégep Limoilou. Il est revenu dans sa région natale et s'est installé dans un camp près de Taschereau où il a vécu en forêt pendant cinq ans. Il vit actuellement dans un appartement à Rouyn et possède depuis 2006 une terre près de Rapide-Danseur où il effectue ses activités artisanales et où il compte bientôt s'installer. Il gère sa propre entreprise depuis environ deux ans et il souhaite pouvoir en faire sa profession.
Répertoire des tanneurs d’Amérique du Nord : www.braintan.com
La réalisation de l’Inventaire des ressources ethnologiques du patrimoine immatériel a été rendue possible grâce à l’appui de nos partenaires.