Francis Cloutier détient un don pour aider à la guérison de différents maux. Ce don se transmet de génération en génération. Son grand-père et sa mère possédaient eux aussi des dons pour soigner les autres. Sa fille a hérité de ce don à son tour. L'intérêt patrimonial de ce savoir-faire s'appuie sur la transmission au fil de quatre générations.
Francis Cloutier a hérité d'un don, transmis de génération en génération, qui lui permettrait d'aider les autres dans l'amélioration de leur santé physique, psychologique. Francis Cloutier s'occupe dans cette optique de différents maux : des problèmes de dos aux allergies mineures, de la dépression au cancer, en passant par les accidents, les membres fracturés et les brûlures. On le qualifie tantôt de « ramancheur », de « guérisseur » ou de « faiseux de miracles ». Il se qualifie lui-même « d'aideur naturel », travaillant de concert avec la « force divine » et rejette l'expression « miracle » au profit de « coup de pouce ». De ce fait, Francis Cloutier hésite à s'approprier ces coups de pouce, préférant utiliser la deuxième personne du pluriel lorsqu'il parle de ses actions. Les gestes qu'il pose sont régis par un code strict auquel il ne déroge pas: il ne peut rendre la vue, ou l'ouïe, guérir certaines allergies (telles l'allergie aux arachides) ou certaines maladies, comme le cancer. S'il ne guérit pas le cancer, il peut cependant accompagner le souffrant dans sa maladie, l'inviter à mieux vivre avec elle et augmenter considérablement son espérance et sa qualité de vie. En ce qui a trait aux maux de dos, il sait comment « démancher » (défaire les articulations) et « ramancher » (refaire le articulations) le dos. Les rencontres se font chez lui. Une rencontre peut durer de trois minutes à une demi-heure, voire parfois plus selon la gravité du problème. Quelques problèmes nécessitent plus d'une rencontre, d'autres se règlent par téléphone. En général, la rencontre se déroule ainsi : la personne entre dans le bureau, expose son problème, Francis Cloutier lui pose quelques questions et, lorsqu'il a obtenu des réponses, il propose une solution. Francis Cloutier ne pose pas de diagnostic, mais il peut conseiller. Il ne s'oppose pas à la médecine moderne. Selon ses dires, souvent après son intervention, il n'est pas rare que le problème se règle. Des personnes seraient sorties de chez lui sans leurs béquilles. Comme plus d'une centaine de personnes par jour le consultent, il a aménagé une salle d'attente. Or, cette dernière n'arrive pas à accueillir tous les visiteurs, ceux-ci doivent parfois attendre à l'extérieur. Son bureau est ouvert quatre jours par semaine de 12h30 à 16h00 et de 19h30 à 22h30. Il réserve la matinée pour les cas graves, les massages ou pour les cas particuliers, nécessitant une plus longue conversation. Ses clients viennent de Charlevoix mais également de l'extérieur de la région (Ottawa, Sept-Îles, etc.). On vient parfois de loin (Italie, France, Japon, Chine) pour bénéficier de son don et de ses conseils. Ce sont autant des hommes que des femmes, des riches que des pauvres, des enfants ou des personnes âgées, des croyants et des athées. Comme il le souligne : « Ne sommes-nous pas tous égaux devant la souffrance ? » Francis Cloutier agit également comme « consultant », usant également de son don, pour aider des entreprises à avoir une meilleure santé financière. Francis Cloutier reçoit les gens à son domicile, à Saint-Hilarion. Un grand stationnement est aménagé, ainsi qu'une salle d'attente pouvant accueillir une vingtaine de personnes. Le bureau est dans une petite pièce et est meublé d'une table, de deux chaises et d'une table de massage. Les murs sont ornés d'images saintes.
Francis Cloutier affirme que son don est inné, mais qu'il a dû apprendre à le cultiver et à le développer. Il a ainsi commencé à exercer son don sur lui et sur ses proches. C'est par la suite, et par la force des choses, qu'il en a fait une profession. Sa fille a hérité de ce don. Cependant, Francis Cloutier estime qu'elle doit apprendre à l'accepter et à l'apprivoiser. Selon Francis, elle doit d'abord maîtriser son émotivité afin de se protéger et que les autres puissent profiter pleinement de ce don. Utiliser son don sera pour elle une lourde décision : ce métier nécessite le sacrifice, en quelque sorte, de sa vie privée.
Le grand-père de Francis Cloutier avait le don d'aider les autres et était reconnu dans son coin de l'Estrie. La mère de Francis pouvait arrêter le sang. Francis Cloutier était conscient d'avoir un don, mais n'en a pas fait, de prime abord, son choix de carrière. Il était à la tête d'une entreprise d'une vingtaine d'employés. En 1987, il achète une maison de campagne à Saint-Hilarion. Selon ses dires, il est sorti indemne de quelque 28 accidents majeurs. Sa conjointe était également atteinte d'une grave maladie, nécessitant une forte médication : grâce à son don, il a participé à sa guérison. On lui demanda bientôt son aide pour d'autres types de guérison, la nouvelle se répandit rapidement. Les gens se pressèrent à sa porte pour de l'aide et des conseils. En échange, il acceptait de la nourriture, des couvertures, des services, etc. Il suivit un cours de massothérapie afin de recevoir les personnes chez lui. Il obtint son diplôme en 1988. Sa clientèle étant de plus en plus importante, il doit se consacrer à ce métier à temps plein dès 1989. Il est à son poste depuis ce temps et compte utiliser son don pendant encore longtemps.
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