La forge artisanale constitue un métier ancien au Québec, implanté en même temps que la colonisation et qui servait à fabriquer des matériaux utilitaires pour l’habitation, le transport, puis plus tard l’exploitation industrielles. Aujourd’hui mécanisé, la production industrielle d’objets en métal ne requiert plus le savoir-faire de la forge traditionnelle. Toutefois, celui-ci perdure dans la production artisanale de certains objets et à travers le travail de certains forgerons, comme Troy Beck.
Il est intéressant de noter qu’encore aujourd’hui, Troy Beck utilise seulement les techniques traditionnelles de la forge. Il est membre de La Route des Arts depuis sa création il y a 10 ans. C'est avec son père qu'il a confectionné ses premières œuvres dans l'atelier où il travaille toujours. De la même manière que son père, Troy Beck utilise des morceaux de fer brut comme matériau de base pour la confection des objets qu'il produit. Ces morceaux sont placés sur le feu de forge alimenté en charbon dans lequel on envoie de grandes quantités d'air afin d'augmenter le plus possible sa chaleur. Une fois le morceau chauffé, il est retiré du feu afin de lui donner la forme désirée. C'est à l'aide de marteaux qu'il a lui-même confectionnés qu'il donne des coups sur le fer rougit et étire, replie ou coupe le morceau une première fois. Ce processus sera répété aussi souvent que nécessaire afin d'obtenir la forme exacte que Troy Beck recherche.
Certaines réalisations plus complexes que d'autres comme de gros chandelier, ou des rampes d'escaliers nécessitent l'assemblage de plusieurs pièces produites séparément et qui seront fusionnées par la suite.
C'est en grande partie en raison de l'influence de son père que Troy Beck s'est adonné à la pratique du fer forgé. Le père transmettait ses savoir-faire à son fils en lui faisant des démonstrations dans sa forge que l’apprenti devait par la suite réaliser, sous la supervision de son maître, pendant plusieurs années. C’est ainsi que Troy Beck a acquis le savoir-faire traditionnel de son père, enrichi par la suite par des ateliers de perfectionnement auprès d’autres forgerons lors de séjours dans son pays d’origine, en Suisse.
Troy Beck est né au Québec de parents d'origine suisse. Il s'est intéressé dès son jeune âge au métier de forgeron que son père pratiquait déjà lorsqu'il était jeune. L’intérêt pour le métier de forgeron traditionnel au sein de la famille Beck ne date pas d’hier. Tout jeune, Troy Beck observe attentivement son père travailler le fer et est impressionné par les possibilités quasi infinies qu’offre la forge traditionnelle. Une fois adulte, sa passion pour le fer forgé se développe au point de s’associer avec son père.
La forge traditionnelle a été pratiquée au Québec pour la première fois avec la colonisation. Les Européens ont été les premiers à implanter le fer forgé en Amérique du Nord, principalement à des fins utilitaires mais aussi esthétiques. Utilisé dans la fabrication d’objets divers, le fer forgé permettait de créer des pièces à la fois solides et complexes. Que ce soit en cuisine, dans les moyens de transports ou même pour l’armement, le fer forgé a occupé une place de premier choix dans la culture matérielle du Québec. Sa popularité a diminué avec l’arrivée de matériaux plus légers et moins corrosifs, et graduellement, la fonction utilitaire de ce matériau se déplaça vers une fonction davantage esthétique, plus raffinée, d’où la création d’œuvres d’art. Aujourd’hui, les artisans forgeron confectionnent à la fois des objets utilitaires et décoratifs, tels que les girouettes sur les bâtiments de ferme ou les poignées de porte stylisées.
La réalisation de l’Inventaire des ressources ethnologiques du patrimoine immatériel a été rendue possible grâce à l’appui de nos partenaires.