André-Médard Bourgault

Sculpture sur bois

Personne

Intérêt patrimonial

Il y a près d’un siècle, Médard, Jean-Julien et André Bourgault, connus à Saint-Jean-Port-Joli sous le nom des «trois bérets», ont initié une pratique familiale : la sculpture sur bois en taille directe. En tant que fils et élève de Médard, André-Médard Bourgault perpétue et réactualise cet art familial en faisant de la sculpture sur bois son métier. Ainsi, par son travail, il contribue au développement culturel et touristique de la région. Des œuvres d'André-Médard Bourgault et des membres de sa famille sont exposées dans le village de Saint-Jean-Port-Joli et les musées locaux, dont le Musée des Anciens Canadiens.

Description de la pratique, du savoir ou du savoir-faire


Depuis près de cinquante ans, André-Médard Bourgault vit de la sculpture sur bois, un art et un savoir-faire que lui a transmis son père, Médard Bourgault. Tout en perpétuant les gestes qu’il a appris par observation, il réinvente chaque jour son art figuratif, en l’ancrant dans son époque, dans son quotidien. Il réalise des bas-reliefs et, le plus souvent, des statues. André-Médard Bourgault s’inspire du quotidien, du monde qui l’entoure. Néanmoins, il ne sculpte pas ce monde à l’identique mais le détourne, l’améliore, l'interprète selon sa propre perception. Il aime particulièrement sculpter des figures féminines. Leurs cheveux, leurs vêtements lui permettent de sculpter des courbes, des lignes qu’il considère intéressantes.
Le premier souci artistique d’André-Médard Bourgault est le choix de la matière utilisée. Délaissant les bois tendres, comme le tilleul ou le noyer, il privilégie des essences plus dures mais surtout d’une couleur ou d’un veinage particulier, comme le pommier, l’érable ou le vinaigrier (sumac). Ensuite, à l’aide de gouges de différentes formes et calibres, il sculpte directement le bois, sans dessin préparatoire. Durant le dégrossissage et les premières tailles de la pièce, il utilise régulièrement un compas, afin de respecter les proportions du corps humain. Le visage est la première partie de la statue qu'il finalise, mis à part les yeux qui resteront vides jusqu’à la fin. Une fois la taille terminée, le sculpteur applique, si nécessaire, une patine sur le bois afin d’en préserver la teinte particulière. La réalisation d’une statue requiert environ une semaine de travail.
Au cours de sa carrière, André-Médard Bourgault a produit des œuvres pour le tourisme, des commandes et pour lui-même. Sa production dédiée au tourisme proposait principalement de visages d’enfant. Malgré son grand succès, il a assez rapidement abandonné ces œuvres en séries, peu stimulante pour un artiste. Les commandes de particuliers lui ont permis de vendre des œuvres diversifiées et contemporaines. Enfin, l’artiste a produit des œuvres pour lui-même, souvent hors norme, comme des couples enlacés. Si la plupart de ses créations ont été pleinement assumées, voire même vendues, certaines d’entre elles n’ont jamais été exposées, car jugées trop subversives ou choquantes, par l’artiste.
André-Médard Bourgault a longtemps travaillé dans un atelier aménagé dans la maison de son père. Il sculpte aujourd’hui dans une annexe de la maison d’un de ses neveux. Cet atelier lui sert essentiellement l’hiver. Lorsque la température le permet, il aime se rendre dans un abri construit par son père sur la rive du Saint-Laurent. Ainsi, l’artiste préfère travailler isolé du reste du monde, dans des lieux lui procurant la solitude nécessaire, selon lui, à la pratique de son art.


Apprentissage et transmission


Baigné depuis sa plus tendre enfance dans l’univers de la sculpture sur bois, André-Médard Bourgault n’a jamais envisagé une autre profession. A 18 ans, il décide d’arrêter ses études au collège pour se consacrer exclusivement à la passion familiale. De 1960 à 1967, il apprend son métier auprès de son père, Médard Bourgault. Incapable de verbaliser son savoir-faire, celui-ci était, d’après son fils, un « très mauvais professeur ». Ainsi, Médard Bourgault était un maître que l’on observe et non que l’on écoute.
Bien plus que des gestes, c’est toute une philosophie que Médard Bourgault a transmis à ses enfants et à ses apprentis. Trouver l’inspiration dans la nature, ne jamais réaliser d’œuvres en série au risque de « se casser la main », ne pas se limiter à une norme et suivre sa propre inspiration sont des préceptes qu’André-Médard Bourgault a suivi durant toute sa carrière. À la suite de deux expériences peu concluantes, André-Médard Bourgault, doutant de ses talents de pédagogue, se refuse d’enseigner son art. Il espère néanmoins que ses œuvres inspireront et seront reconnues par des artistes futurs.

Historique général


Saint-Jean-Port-Joli, un petit village situé sur la rive du Saint-Laurent, doit sa renommée et son titre de capitale de la sculpture à trois frères : Médard, Jean-Julien et André Bourgault, surnommés les « trois bérets ». Ces trois sculpteurs autodidactes ont, par leur renommée, attiré dans leur village de nombreux collectionneurs et, de ce fait, de nombreux sculpteurs espérant écouler leur production. Depuis les années 1940, les frères Bourgault ont enseigné leur art à de nombreux artistes, ainsi qu’à leurs descendants.
André-Médard Bourgault, l'un des dignes représentants de la deuxième génération de Bourgault travaillant à Saint-Jean-Port-Joli, est né le 12 juin 1941. Il est l’un des quatorze enfants de Médard et Marie-Rose Bourgault. Témoin des heures de gloire, puis du déclin touristique de son village, ainsi que de l’évolution des mentalités durant la Révolution tranquille, grâce à ses œuvres, cet artiste nous ouvre les portes de l’histoire culturelle et socio-économique d’une région rurale du Québec.


Documentation

Catalogue de l'exposition "Médard Bourgault et ses fils. 60 ans de sculpture sur bois au Québec", musée Laurier, Arthabaska, 1989 ; SAINT-PIERRE Angéline, "L'oeuvre de Médard Bourgault", Québec, 1976.

Sources

  • Nom du facilitateur ou des facilitateurs : Marie-Aline Angillis, Maryam Bessiri, Gabriel Caron, Anne-Flore Fluet, Monique Provost
  • Date d'entrevue : 2011-06-01
  • Nom de l'indexeur ou des indexeurs : Marie-Aline Angillis

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