Raymond Robert

Fabrication de paniers de frêne

Personne

Intérêt patrimonial

Raymond Robert met en pratique une technique abénakise de tressage de paniers en utilisant une essence d’arbre présente dans la région de l’Estrie, le frêne. Il exerce ce savoir-faire par soucis de le transmettre aux intéressés ou lors de démonstrations. Il bénéfice d'une reconnaissance de son milieu pour la maîtrise de cette pratique ancestrale depuis 1985.

Description de la pratique, du savoir ou du savoir-faire


Raymond Robert fabrique des paniers en aubiers de frêne à l’aide d'une technique appris d'un abénakis. Les paniers sont entièrement faits à la main. La technique requiert peu d’outils. À l'origine, seuls une hache et un couteau étaient utilisés. Aujourd'hui, Raymond Robert utilise aussi un « exacto » et un petit marteau. Il est possible de décoller des lattes d'un billot de frêne en frappant dessus, car les lignes d'âge sont poreuses et s'écrasent quand on frappe dessus. Ces lattes décollées se nomment « aubier ». Cette première étape, qui consiste à décoller les aubiers, s'appelle le battage. Ensuite, il faut gratter les lattes obtenues avec un couteau afin de les nettoyer et de les lisser. Par la suite, il est possible de procéder au tressage des paniers. Raymond Robert débute toujours par le fond du panier. Il utilise une technique de tressage dite « en continu », car les lattes de frêne sont mises bout à bout tout au long de l'opération. Une fois le tressage du panier terminé, il faut installer la bordure du panier et prévoir si l'on désire installer une anse. Puis, il faut renforcer le fond du panier en glissant deux morceaux de frêne plus épais dans le fond tressé, installer l'anse et huiler ou vernir le bois afin de le protéger. Idéalement, les paniers sont complétés le jour même où ils sont commencés, car le bois est alors plus frais et il sèche une fois tressé, ce qui lui assure une plus grande solidité. Raymond Robert fabrique des paniers que l'hiver, d'abord par manque de temps l'été, mais aussi parce que le bois sèche moins vite, ce qui en facilite le tressage.


Apprentissage et transmission


Dans sa jeunesse, lorsque Raymond Robert terminait une journée d'école, il passait toujours devant la maison d'Eusèbe Dezingue, un Abénakis qui fabriquait des paniers de frêne. M. Dezingue a été l'un des derniers artisans au Québec à gagner sa vie en fabriquant des paniers. Curieux, Raymond Robert s'arrêtait devant chez lui pour l'observer travailler. Il trouvait beau de le voir faire, il l'a donc imité et a fabriqué un panier tout seul, à l'âge de six ans. Par la suite, il retournait régulièrement voir Eusèbe Dezingue. L'homme lui donnait des trucs et astuces et lui expliquait comment améliorer sa technique. Ce n'est que plusieurs années plus tard qu'il a fabriqué le premier panier dont il était réellement satisfait, vers l'âge de quatorze ans. Raymond Robert a partagé son savoir avec plusieurs membres de sa famille qui l'accompagnent régulièrement lorsqu'il fait des démonstrations dans des festivals, des expositions ou des fêtes. Dans ces événements, il enseigne non seulement la technique, mais aussi l'utilité des paniers à travers le temps et l'espace. Il est très ouvert à enseigner la fabrication des paniers à qui veut l'apprendre. Quand les gens lui demandent de lui en acheter, il leur offre plutôt de leur apprendre à en fabriquer, car il n'en vend pas.

Historique général


Les paniers font partie de la vie quotidienne des gens à travers le monde depuis des millénaires. Partout, les paniers étaient fabriqués à partir des matériaux disponibles sur le territoire : l'osier en Égypte, les racines d'épinette dans le nord du Québec, le frêne dans la vallée du Saint-Laurent, etc. Raymond Robert a commencé à fabriquer des paniers de frêne à l'âge de six ans ; il n'est parvenu à un résultat satisfaisant que vers quatorze ans. À cet âge, il travaillait comme bûcheron et fabriquait des paniers lorsque la neige ne permettait pas d'aller dans la forêt. Il a ensuite arrêté d'en fabriquer pendant plusieurs années, occupé par sa famille et son travail de cultivateur. En 1985, lors du 125e anniversaire de Compton, sa ville natale, il a défilé sur un char allégorique en fabriquant des paniers. C'est alors qu'il est devenu connu dans la région et que ses paniers ont gagné en popularité. Aujourd'hui, il fabrique des paniers en hiver pour son plaisir et participe à plusieurs journées de démonstration pendant l'été.


Sources

  • Nom du facilitateur ou des facilitateurs : Stéphanie Teasdale et Laurence Godin
  • Date d'entrevue : 2008-06-18
  • Nom de l'indexeur ou des indexeurs : Stéphanie Teasdale et Laurence Godin

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