Confection de porte-bébés ilnu

Bibiane Courtois

Elle a confectionné des porte-bébés pour ses filles et son neveu.

Forme d'expression

Intérêt patrimonial

Le porte-bébé traditionnel ilnu est un objet enveloppant le nourrisson pour le maintenir au chaud et le rassurer. Il est fabriqué par un parent du bébé puisque l’objet fait partie du patrimoine familial et y sont représentées les valeurs du clan. Bibiane Courtois, originaire de Mashteuiatsh, a repris la méthode d’une artisane reconnue de la communauté et a confectionné des porte-bébés pour ses filles et son neveu.

Description de la forme d'expression


Le porte-bébé sert d'enveloppe pour les bébés naissants. Une fois bien emmailloté, l'enfant se sent comme dans un cocon. L'objet est ainsi très rassurant pour le nourrisson lorsqu'il se trouve à l'intérieur, car il y garde sa chaleur et s'y sent en sécurité. Le porte-bébé ilnu sert de la naissance de l'enfant jusqu'à deux mois. Il est d'un format d'environ 24 pouces. La tradition veut que le porte-bébé soit créé par un membre de la famille, puisque celui-ci est pensé dans l'optique d'une transmission symbolique au nouveau né. Cette pratique est généralement exercée par une mère, une grand-mère ou une tante. La réalisation de cet objet demande des habiletés principalement dans le domaine de la couture et de la broderie. Si le choix de la couleur du tissu est libre, il doit néanmoins être carreauté à l'intérieur. La personnalisation du porte-bébé s’effectue par le choix des dessins qui y seront brodés, inspirés de la personne à qui est destiné l'objet. L'on y brode des objets emblématiques représentant les valeurs familiales. La personne doit réfléchir pour bien choisir les sujets qui vont figurer sur l'objet, en plus de devoir faire la conception des dessins. Le porte-bébé n'est généralement pas attitré à un seul bébé, il sert à tous les nouveaux nés de la famille. L'objet fait ainsi partie du patrimoine familial, il est attaché à la culture et à l'appartenance d'un clan. Ce n'est pas juste une pièce de vêtement réalisé pour un enfant, c'est aussi la transmission d'un objet porteur d'identité en lien avec un mode de vie traditionnel.
Bibiane Courtois, Montagnaise de Roberval, confectionne des portes-bébés inspirés de la tradition ilnue Elle a créé son premier porte-bébé lorsque sa plus jeune fille a eu son premier enfant. Puisque celle-ci était enceinte d'une fille, la future grand-mère a décidé d'y broder des fleurs sur le devant. Lorsque sa deuxième fille est tombée enceinte, elle en a réalisé un second, également en y brodant des fleurs. C'est lors de la confection de son troisième porte-bébé, que Bibiane Courtois a intégré des objets traditionnels à sa broderie. Celui-ci était destiné à son neveu Pascal, qui allait devenir père d'un petit garçon. Pascal étant très attaché à son grand-père, le père de Bibiane Courtois, il devenait très important pour elle de choisir de broder des sujets qui représentent la vie de son père. Elle a donc opté pour des objets du quotidien de celui-ci : un couteau croche, un canot, des raquettes et des tambours. Les tambours représentés ont une double signification, puisque ceux-ci représentent la communication avec les esprits et rappellent ainsi à Pascal qu'il peut communiquer avec son grand-père. Un tel travail de broderie lui prend plus de dix heures de travail.
Les portes-bébés ilnus étaient traditionnellement faits en cuir d'orignal. Aujourd'hui, ils sont réalisés à partir d'étoffes de tissu. Pour lacer le tout autour de l'enfant, on utilise un lacet de cuir. Les deux petites-filles de Bibiane Courtois sont nées l'été, elle a donc utilisé de la flanelle, principalement parce que ce tissu est plus frais. Pour le garçon de son neveu Pascal, qui est né l'hiver, elle a privilégié un lainage plus chaud dans un plaid écossais. À l'intérieur des deux types de tissu, elle a inséré un petit matelas de tissus douillet pour le confort du nourrisson. Traditionnelement, le porte-bébé fait de peau d'animal provenait de la ressource chassée. Maintenant, le tissu est acheté en magasin. Bibiane Courtois ne vend pas ses portes-bébés. Il lui serait impossible de choisir les motifs qui doivent être brodés, puisqu'ils doivent être en lien avec l'histoire de la famille et les valeurs que l'on veut transmettre au nouveau-né. Elle ne veut pas systématiser les motifs.


Apprentissage et transmission


Bien qu'elle possédait un tel porte-bébé à l'époque de la naissance de ses deux filles, c’est lorsque sa plus jeune fille tombe enceinte que Bibiane Courtois demande aux artisanes du Musée amérindien de Mashteuiatsh de lui montrer les techniques pour réaliser des broderies. Alors directrice du musée, elle voulait alors se rafraîchir la mémoire, puisqu'elle avait appris à broder plus jeune aux contacts d'artisanes de sa communauté. C'est à l'artisane Mariette Manigouche de Mashteuiatsh que Bibiane Courtois a demandé plus spécifiquement des détails relatifs à la taille et la forme que devait prendre l'enveloppe, ainsi que les motifs qui y figurent généralement. Mariette Manigouche, mère et grand-mère avaient déjà réalisé ce type de création. La fille du frère de Bibiane Courtois étant enceinte, elle désirait posséder un porte-bébé. Bibiane Courtois a enseigné à sa nièce comment faire un tel objet traditionnel.

Historique général


Le porte-bébé se retrouve dans différentes communautés amérindiennes, chacune ayant ses particularités et différences. Dans certaines communautés, le porte-bébé est accompagné d'une armature en bois qui permet de porter l'enfant sur le dos. La nature des matériaux utilisés varie également selon la ressource disponible, il peut donc être de cuir d'orignal ou de caribous. Il existe également différentes méthodes pour passer les cordons, afin de serrer l'enfant à l'intérieur, il peut s'agir de ganses ou de boutons de panache de caribous. Née en 1947, Bibiane Courtois a vécu jusqu'à l'âge de 21ans à Mashteuiatsh (Pointe-Bleue). Après avoir marié un Québécois, elle a demeuré à Chicoutimi et Alma. Depuis 15 ans, elle réside à Roberval. Elle a confectionné des porte-bébés pour ses enfants et son neveu.


Documentation

Musée amérindien de Mashteuiatsh: www.museeilnu.ca

Sources

  • Nom du facilitateur ou des facilitateurs : Pascal Huot, Mathieu Tremblay
  • Date d'entrevue : 2008-07-02
  • Nom de l'indexeur ou des indexeurs : Pascal Huot

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